L'Insomniaque

Ça suffit!

242 arrestations gratuites et injustifiées dans une zone verte lundi, un enlèvement policier hier, aujourd'hui un journaliste arrêté puis relâché sans aucune accusation après qu'il ai prononcé un discours contre la répression des discours politiques... On voit bien que les libertés civiles de ce pays ne sont que des leurres.

C'est quand on est bien que jamais on se plaint. Maintenant, il est trop tard pour se plaindre. Nous n'avons pas choisi d'entrer dans un conflit avec l'État, c'est lui qui attaque partout la critique contre lui et qui emprisonne des individus non seulement innocents mais surtout qu'il perçoit comme un danger.

Cette semaine, nous avons atteint un nouveau record d'arrestations. 342 arrestations politiques pour des charges bidons (attroupement illégal), c'est la quatrième plus grosse arrestation, après la crise d'octobre de 1970 (?) et le Sommet des Amériques de Québec (450) et les arrestations du 15 mars 2002 à la Journée Internationale Contre la Brutalité Policière.. Et pourquoi? Ces gens commettaient-ils un crime? On les accuse d'avoir fait partie d'une manifestation illégale, mais qui décide de ceci? L'État. L'État, on le voit bien, est libre de déclarer toute manifestation, réunion, assemblée, collectif illégal. C'est devenu routine: une manifestation indésirable (contre la brutalité policière) est simplement déclarée illégale et tout ses participants fichés et arrêtés. Les policiers commencent à avoir une grande expérience des contrôles de foules et ont maintenant une grande facilité à encercler des grands nombres de manifestants.

Quelques exemples, pour renchérir.

• Le 1er mai 2000, une manifestation anarchiste des travailleurs débarque au sommet du ghetto de Westmount, pour dénoncer les riches directement dans leur douillet confort. Au moment de débarquer des autobus, les manifestants sont déjà encerclés de policiers anti-émeute et n'ont d'autre choix que de s'enfuir en dévalant le flanc de la montagne. 157 personnes (dont 11 mineurs, si ma mémoire est bonne) seront arrêtées après une marche d'environ 10 minutes. Les manifestants passeront plusieurs heures dans des autobus, les mains attachées derrière le dos avec des "Tie-Wrap", des attaches de plastiques aux rebords pointus, souvent trop serrés, les policiers refusant d'ailleurs les demandes des détenus de soulager leurs besoins primaires (toilette, eau, etc). Les charges? Attroupement illégal, troubler la paix et méfait, les policiers prétendant que les manifestants aurait fait deux (2!) graffitis au cours de la manifestation. Le procès a avorté seulement récemment après que la majeure partie des arrêtés ait pris des arrangements hors-cours.
• Un peu avant, c'est les "arrêtés de Coke", 69 personnes qui ont vu leurs droits civiques les plus primaires suspendus alors qu'ils ont été arrêtés simplement parce qu'ils étaient au mauvais endroit au mauvais moment: la fin d'une manifestation contre les contrats d'exclusivité de Coke que l'UQAM tentait de passer. Plusieurs passants innocents n'ayant rien à voir avec la manifestation sont arrêtés, détenus et inculpés d'attroupement illégal. Des arrangements hors-cours sont fait avec les accusés pour des contraventions municipales de 75$. Jurisprudence est alors faite: les flics peuvent arrêter qui ils veulent, la plupart du temps la lourdeur des procédures empêche les victimes de se faire justice.
• Le 15 mars 2000: 112 arrestations arbitraires au centre-ville. La casse s'était produite contre deux McDos (après que la manif eut été dissoute) et le poste de quartier 19.
• Le cobp/sommet-des-ameriques.html">Sommet des Amériques d'avril 2001, où plus de 400 arrestations ont été opérées dans une ville de Québec en un état de guerre civile et de loi martiale.
• Le 15 mars 2002: 371 arrêtés (presque la totalité de la manif), après une manifestation pratiquement sans casse (2 graffitis et une vitre brisée).
• Le cobp/calendrier-texte-A26.html">26 avril 2002, lors d'une manifestation qui devait avoir lieu contre une réunion du G8 à Montréal, la police a encerclé un rassemblement de plusieurs centaines de personnes avant même que la manifestation commence, alors que les gens prononcaient des discours et dégustaient un frugal repas.
• Et finalement, en cette semaine du mois de juillet, quelques 342 arrestation (238 selon la police, j'espère qu'ils ont pas oublié les 104 autres dans un cachot quelque part) sont faites à des lieues du périmètre de sécurité et de l'endroit de dispersion de la manif, et quelques heures même après la dispersion. 342 personnes dont la seule erreur aura été d'avoir été sur la rue St-Laurent après une manifestation contre l'OMC.

La constitution nous donne la liberté d'association et d'expression, soit. Mais c'est l'État qui applique ses lois. Notre gouvernement semble maintenant considérer que nous, des individus ayant des préoccupations sur ses politiques et voulant les remettre en question, sommes un danger pour la société.

Et bien soit! Nous serons maintenant des dangers pour cette société qui n'a jamais été démocratique. Ce n'est pas le vote qui fait la démocratie, c'est le pouvoir qui est véritablement accordé au peuple. Au Canada, une fois élu ou nominé, du Premier Ministre au flic, en passant par les maires et les huissiers, tous ont un pouvoir discrétionnaire absolu. Ils ont tous les pouvoirs et très peu de comptes à rendre à un système de justice qui est de toute façon complice de leurs malices.

Il n'y a plus de justice qui tiennent autrement que celle que les gens se font. Il n'y a d'autre autorité que celle que nous acceptons. Il ne nous reste véritablement plus rien de cet État qui pourrait être "moins pire" qu'ailleurs, c'est le chaos en action, la loi du plus fort. C'est des gangs organisés, autojustifiés.

Les flics aussi ont leurs motards.

Qu'est-ce qu'on attend?? Ils ont déjà gazé la ville de Québec au complet! C'est la logique militaire qui règne: détruire la ville pour la sauver. Tout casser, pour votre sécurité. Nous casser, pour leur sécurité.

Choisissez: vie d'ignorance et de bonheur en soldat jetable d'une société de consommation sans but ni vision; ou résistance active et création des alternatives, de votre propre réalité, votre propre utopie, maintenant!

Ça suffit! Les réformes n'ont jamais rien changé, ils faut nous révolter, sinon ils vont simplement nous mater.