Depuis plusieurs années, il existe en Ontario un groupe qui se nomme "Ontario coalition against poverty" (OCAP). Cette association mène des actions radicales contre les mesures brutales du gouvernement Harris. En juin 2000, OCAP avait lancé un appel pour une manifestation qui s’est terminée devant Queen’s Park (le parlement ontarien), lorsque des manifestant-es (dont un grand nombre de sans-abris) ont littéralement attaqué le Parlement.
Rappelons que depuis son arrivée au pouvoir en 1995, les conservateurs de Mike Harris ont été impitoyables. L’assistance sociale a été considérablement réduite, la semaine de 60 heures est presque redevenue la norme, les systèmes de santé et d’éducation ont été complètement dévastés, tout cela au nom de la "Révolution du Bon Sens". Les assistés sociaux doivent passer des dépistages de drogue réguliers. Des prisons privées ont été ouvertes. Il y a un véritable bidonville à Toronto. Seulement dans la capitale, 2000 évictions de logements ont lieu chaque mois. Le dossier de l’eau contaminée à Walkerton n’est que le dernier scandale sur une longue liste de conséquences aux coupures et privatisations de Mike Harris. Mais Harris ne se laisse pas arrêter, au contraire, il se sert de Walkerton pour proposer la privatisation l’approvisionnement en eau, et il parle de coupures encore plus dures dans les programmes sociaux.
Depuis l’arrivée de Mike Harris au pouvoir, il y a eu de nombreuses pressions politiques (manifestations, campagnes, etc.) dans le but de montrer le désaccord massif de la population et, au minimum, de freiner la marche du gouvernement conservateur. Mais après quelques années, les membres de OCAP ont réalisé que Mike Harris ne se laissait aucunement arrêter par la pression populaire. Depuis plus d’un an, OCAP sillonne donc l’Ontario pour propager l’idée d’une campagne intitulée "Fight to win". Ils et elles veulent déstabiliser le gouvernement Harris et le plonger dans une crise majeure.
On aurait pu penser, avec l’attaque de Queen’s Park l’été dernier, que OCAP aurait perdu des appuis au sein de la gauche, et que le projet "Fight to win" tombe à plat. Or, la campagne va bon train : OCAP récolte des appuis de plusieurs associations étudiantes, de peuples des Premières Nations, de groupes communautaires et de syndicats tels que le Canadian Union of Public Employees (CUPE), ou Syndicat Canadien de la Fonction Publique, (il faut dire qu’en Ontario, plusieurs syndicats sont plus combattifs que nos grandes centrales syndicales québécoises).
Le 15 juin dernier, environ 300 envoyé-es de l’ensemble de l’Ontario se sont réuni-es à Toronto, dans une assemblée provinciale appelée par OCAP. L’idée était de rassembler les groupes sur la base de trois principes : solidarité entre les différents secteurs de la société, perturbation économique et se battre pour gagner (autrement dit, ne pas avoir une liste de revendications mais provoquer un conflit politique). Le 16 juin, des délégué-es de plus de 100 groupes ontariens ont discuté de la campagne automnale.
Le 16 octobre prochain sera donc lancée la campagne "Fight to win", qui se veut un ensemble d’actions de "perturbation économique" à l’échelle de le province. Grèves, blocages de routes, occupations, l’idée est de nuire de façon significative à la bonne marche de l’économie ontarienne, pour plonger le gouvernement dans une crise politique. L’organisation bat son plein et se bâtit à la fois sur le plan sectoriel (travail, étudiant, communautaire, autochtone, etc.) et sur le plan géographique. Le coup d’envoi de la campagne, le 16 octobre 2001, sera le blocage du secteur des affaires de Toronto.
La réponse du pouvoir ontarien ne s’est pas faite attendre. Il y eut 23 arrestations dans la semaine entourant l’assemblée du 15 juin, relativement à une action "d’éviction" du bureau du ministre des Finances ontarien, Jim Flaherty, tenue quelques jours plus tôt. Certain-es membres les plus actif-ves sont restées en prison pour plusieurs jours et semaines. Par exemple, une organisatrice a dû passer 10 jours en prison pour bris de condition (avoir manqué à un engagement envers la cour), avant d’être libérée sans aucune charge maintenue contre elle. D’autres ont eu comme conditions de libération l’interdiction de s’associer et de rencontrer les autres membres de OCAP. Pour d’autres encore, la Couronne tente de monter un dossier dans le but de les maintenir en prison pour un an. Des membres de OCAP se font harceler par la police sur la rue pour des motifs dérisoires. Enfin, le gouvernement songe à considérer l’OCAP comme un groupe criminalisé, au même titre qu’un groupe de motards. Bref, ça joue dur en Ontario…
Pour contacter OCAP, pour transmettre votre support moral, politique et/ou financier :
Ontario Coalition Against Poverty
249 Sherbourne Street
Toronto, Ontario
M5A 2R9
Téléphone : 416-925-6939
Courriel : ocap@tao.ca