Compte rendu du Grand rassemblement de D'abord solidaires

Soumis par olivier le mercredi, 3 décembre, 2003 - 09:38 Compte-rendu
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Compte rendu tout chaud du Grand rassemblement des 28, 29 et 30 novembre

D'abord solidaires veut poursuivre le développement de l'imaginaire politique

  • par Jacques Fournier (revue Interaction communautaire)

Environ 250 personnes se sont réunies à l'Université de Montréal les 28, 29 et 30 novembre pour décider de l'avenir de D'abord solidaires, ce Collectif non partisan d'éducation populaire lancé en janvier 2003 à l'initiative de Françoise David et d'autres militantes, pour contrer la montée de la droite à la veille des élections québécoises du printemps 2003.

   Elle ont décidé, à l'unanimité, que D'abord solidaires continuera

d'exister et de se développer comme mouvement/réseau non partisan, en mettant l'accent cette fois sur la lutte contre les politiques conservatrices du gouvernement de Jean Charest. Lorraine Guay, militante féministe très engagée, a accepté d'être la porte-parole principale du Collectif.

   Une bonne partie des participants et participantes au Grand

rassemblement ont décidé par ailleurs de suivre la voie que proposait Françoise David, à savoir de travailler, en dehors du mouvement/réseau D'abord solidaires, à la création d'un parti politique, de préférence en association avec l'Union des forces progressistes (UFP) et les Verts. Cette décision a été prise dans une perspective gagnant-gagnant, c'est-à-dire que les deux projets, le mouvement et le parti, vont coexister chacun de façon autonome. Au cours de cette fin de semaine, personne ne cherchait à convaincre personne de s'engager pour l'une ou l'autre option: l'important, c'était de s'engager.

   Une troisième option a été présentée aux participants et

participantes: l'option dite libertaire, qui favorise l'action locale et l'autogestion et qui s'inscrit dans la tendance anarchiste. Sa porte-parole principale est Anna Krusynski, une dynamique étudiante au doctorat à l'Université McGill et chargée de cours à l'U. Concordia. Cette option a elle aussi suscité l'intérêt de plusieurs personnes et elle continuera à faire son bonhomme de chemin, de façon autonome également par rapport aux deux autres options.

Faire de la politique autrement

   Pour donner une idée plus précise des belles énergies qui étaient en

présence, mentionnons que, le dimanche matin, au moment des choix concrets, plus d'une centaine de personnes ont pris part à l'atelier "création d'un parti", une soixantaine se sont impliquées à l'atelier mouvement/réseau et environ 25 ont participé à l'atelier sur l'option libertaire. Au-delà des différences dans les stratégies, toutes et tous se sont entendus pour dire qu'il fallait travailler à "faire de la politique autrement" et à développer l'imaginaire politique.

   Pour Lorraine Guay, de l'option mouvement/réseau, D'abord solidaires

ne veut pas prendre la place des mouvements sociaux (femmes, jeunes, écologistes, etc.) mais les appuyer. Elle a rappelé le rôle important que D'abord solidaires a joué dans la mise sur pied du Réseau de vigilance, une vaste coalition syndicalo-communautaire contre les politiques du gouvernement Charest. Concrètement, le mouvement/réseau non partisan D'abord solidaires continuera donc d'exister, avec le même nom, le même logo, le même site internet, le même numéro de téléphone, la liste des 1500 appuyeurs et appuyeuses, etc. Il s'attellera vraisemblablement, au cours des prochains mois, à faire l'analyse des programmes des partis politiques fédéraux à la veille des élections, comme il l'avait fait sur la scène québécoise. Une vingtaine de personnes ont indiqué qu'elles voulaient faire partie du nouveau Collectif provisoire au niveau national. Les collectifs locaux continueront à se développer. "Faisons mouvement!", a résumé Lorraine dans sa présentation.

Si la tendance se maintient...

   Françoise David, de son côté, tout en se réjouissant du fait que le

mouvement non partisan continue son travail de repolitisation et d'éducation populaire, a choisi de mettre ses énergies dans la création d'un parti, selon un échéancier qui ne se veut pas bousculant. Il y aura tout d'abord le lancement, au printemps prochain, d'une plaquette (ou manifeste) qui vulgarisera les grandes orientations du futur parti. Il y aura aussi des rencontres et des discussions avec l'UFP et les Verts. L'atelier sur l'option parti a d'entrée de jeu créé six comités: coordination, rédaction de la plaquette, infrastructure, organisation d'événements, recrutement et mobilisation, financement. De nombreux militants et militantes s'y sont inscrits. Françoise a résumé: "Si la tendance se maintient, aux prochaines élections québécoises, il y aura un parti féministe, de gauche, écologiste, altermondialiste, pacifiste et anti-raciste", aux applaudissements nourris de la salle.

   "On vit quelque chose d'extraordinaire", a dit Manon Massé, une des

chevilles ouvrières du Grand rassemblement, lors de la plénière du dimanche. En effet, au lieu de se déchirer pendant trois jours, conformément à la tradition qui a marqué la gauche québécoise au cours des trente dernières années, les participants et participantes ont échangé entre eux, dans le respect et avec une bonne écoute, sur les implications réelles des trois options. Une quatrième option, celle d'un mouvement non partisan qui appuierait occasionnellement des candidats indépendants, a même été examinée. L'ouverture d'esprit régnait.

   La question posée était: de quoi le Québec a-t-il besoin pour

construire la société progressiste à laquelle nous aspirons? Les participants et participantes au Grand rassemblement ont répondu: un mouvement/réseau, un parti et un groupe libertaire, qui sont appelés à se développer chacun de façon autonome et complémentaire, dans la recherche de nouvelles façons de faire de la politique.

La partie colloque

   Les lignes ci-haut résument la partie décisionnelle du Grand

rassemblement, qui s'est tenue le samedi après-midi et le dimanche matin. Il y a eu aussi une partie colloque qui s'est ouverte le vendredi soir par une "brève histoire de la gauche", présentée de façon humoristique par Danièle Roy et Marie-Dominique Cousineau. Alexa Conradi a ensuite présenté une analyse étoffée de la conjoncture québécoise (note: les textes du Grand rassemblement seront progressivement déposés sur le site www.dabordsolidaires.ca). Enfin, la conteuse Joujou Turenne nous a déridés en s'adressant à la salle en ces termes: "Messieurs dames société"...

   Le samedi matin, substantiel panel. Diane Lamoureux, professeure de

sciences po, s'est attaquée à la question: "Est-il possible, en Amérique du nord, de porter un projet politique et économique qui va plus loin que la social-démocratie?". Michèle Asselin, de la Fédération des femmes du Québec, et Francis Dupuis-Déri, chercheur, se sont demandé si le féminisme est porteur d'un projet social rassembleur pour tous les Québécois et Québécoises. Sylvie Tardif, de Trois-Rivières, a raconté son expérience qui illustre de façon stimulante qu'il est possible de prendre goût à la politique et de s'y investir. Pierre Beaudet, d'Alternatives, a tiré des enseignements des récentes expériences brésiliennes et argentines.

   Que retenir de ces riches échanges? Comme le disait Manon Massé, il

faut se faire confiance les uns les autres. Ceux et celles qui s'engagent dans l'option mouvement/réseau doivent accorder leur confiance aux gens de l'option parti et vice-versa. Nous visons tous le bien commun, qui est le concept-clé de D'abord solidaires, par des moyens différents. Il faut arrêter de se chercher des puces (une spécialité des groupes progressistes), ce qui n'exclut pas les débats entre nous, mais ces débats ne doivent pas nous empêcher de passer à l'action.

Merci

by anarcat on 3 décembre, 2003 - 14:33Score: -1

Merci, reddot pour ce texte.... :)