Premièrement, cet article présente plusieurs faits qui nous suggèrent fortement l’existence d’un plan caché derrière l’obsession de l’administration Bush de vouloir entrer en guerre contre l’Irak. Ensuite, je présenterai et commenterai brièvement quatre théories populaires expliquant les réelles motivations américaines. Pour conclure, je présenterai ma vision du conflit dans la perspective des intérêts économiques américains.
Indices qu’un plan caché existe
Quelques heures après les évènements de l’attaque du World Trade Center, Donald Rumsfeld (secrétaire à la défense) a demandé la préparation de scénarios pour monter une attaque contre l’Irak[1]. Étrangement, à ce moment, il n’existait aucun indice reliant l’Irak aux événements. Le jour suivant, lors d'une réunion à la Maison Blanche, Rumsfeld a encore insisté sur le fait que l'Irak devrait être "la cible principale de la première ronde dans la guerre contre le terrorisme."[2] Le président aurait mentionné que "l'opinion publique devait être préparée avant qu’une attaque contre l'Irak soit possible," et sinon, choisir l'Afghanistan car c’est une cible plus facile[3]. De plus, la célèbre revue Newsweek nous apprenait, cet automne, que Donald Rumsfeld s’était rendu en Irak vendre des armes biologiques à Saddam en pleine connaissance de cause[4].
Les raisons évoquées
Voici dans l’ordre, les raisons évoquées par l’administration Bush pour
justifier une intervention militaire :
Théorie 1 - Les ressources pétrolières irakiennes
Voici les points importants nécessaires à la compréhension de la première
théorie :
pays dont l’industrie dépend de l’importation de pétrole.
Les liens entre l’industrie pétrolière et l’administration Bush nous laissent supposer qu’un renversement de pouvoir en Irak permettrait aux amis du domaine pétrolier de s’accaparer des ressources pétrolières de l’Irak et d’accroître leur richesse. Renverser Saddam est plausible mais s’accaparer ses ressources est une autre histoire.
La raison principale pour laquelle je ne crois pas à cette théorie est que si l’on consulte les statistiques de production irakienne de «International Energy Outlook 2002»[7], l’Irak a une production peu importante par rapport à la production totale des pays de l’OPEP. Du point de vue international, cette guerre pourrait entraîner à long terme des conflits avec, entre autres, la France, la Russie et la Chine qui ont des contrats importants avec l’Irak. En général, l’opinion international est contre cette intervention. Sont-ils prêts à hypothéquer l’opinion international pour de tels objectifs, je ne crois pas! Il doit y avoir quelque chose de plus fondamental !
Théorie 2 - Les ressources pétrolières de l’Arabie Saoudite
Une autre théorie stipule que le contrôle de l’Irak est primordial pour moins dépendre de l’Arabie Saoudite. Si l’on consulte les statistiques, la production irakienne est de 2,6 milliards comparativement à 9,4 pour l’Arabie Saoudite. Ces statistiques nous indiquent que l’économie américaine dépend de façon plus importante de l’Arabie Saoudite. Si l’on regarde les prévisions, la production irakienne devrait passer de 2,6 milliards de barils à 5,5 de 2000 à 2020. Par contre, la production de l’Arabie Saoudite devrait passer de 9,4 milliards de barils à 22,1.
Ces statistiques nous laissent soupçonner que l’invasion de l’Irak n’est qu’un prétexte pour mieux se positionner au Moyen-Orient pour s’attaquer à l’Arabie Saoudite. Si ce n’était pas le cas, comment explique-t-on le fait que des représentants politiques de l’Arabie Saoudite aient rencontré les politiciens français pour discuter de leurs intérêts d’un règlement pacifique en Irak?
De plus en plus, les liens économiques entre les États-Unis et l’Arabie Saoudite sont questionnés dû à la différence de culture. On constate que ce lien devient fragile et que celui-ci est primordial pour l’économie américaine. Une position de force en Irak permettrait de contrôler d'éventuels problème avec l’Arabie Saoudite.
Théorie 3 - Conserver la supériorité régionale israélienne
Tout le monde sait que les Américains contrôlent indirectement Israël. Le titre de supériorité régionale est menacé par l’Irak. Sachant que le pétrole est l’élément vital au fonctionnement des industries occidentales et qu’une proportion importante provient du Moyen-Orient, les États-Unis doivent s’assurer qu'Israël demeure la puissance régionale. Pour ce faire, ils doivent contrer la croissance militaire irakienne.
Cette théorie me semble douteuse, car même lorsque les Irakiens n’avaient aucune sanction, ils n’ont pu gagner la guerre contre l’Iran. De plus, Ariel Sharon semble perdre tranquillement le pouvoir dans son pays, il a obtenu son pire résultat électoral depuis la création d'Israël[8]. Je ne crois pas que les Américains continuent à supporter Ariel Sharon dans une telle situation. Je suis contraint à rejeter cette théorie.
Théorie 4 - Camouflement d’enjeux importants
Une autre théorie stipule que la guerre contre l’Irak n’était et n’est
qu’un prétexte pour :
pourraient être affectées.
Conclusion
La première section de cet article nous a présenté plusieurs faits qui nous indiquent qu'il existe un plan caché derrière l'obsession américaine d'attaquer l'Irak. Les quatres théories populaires m'ont laissé sceptique quant à la raison fondamentale sous-jacente à cette obsession.
Voici ma propre vision des choses:
L’économie occidentale et plus particulièrement l’économie américaine dépendent de la production pétrolière du Moyen-Orient. Le contrôle des pays de cette région est primordial pour assurer la croissance économique des États-Unis. Je tiens à mentionner que je considère que la croissance économique est beaucoup plus importante pour les riches que pour les gens normaux car ceux-ci ont en général trop de dette[9] et qu'ils ont en moyen peu d'investissement boursier. Ceci implique que la prospérité économique est beaucoup plus importante pour les actionnaires de grandes quantités de titres boursiers que pour le peuple en général.
Israël permet aux États-Unis d’avoir une position de force au Moyen-Orient. Sachant que le pouvoir d’Ariel Sharon s’effrite en Israël, les Américains risquent de perdre cette position[10].
Prévoyant d’éventuels conflits avec l’Arabie Saoudite, l’administration Bush veut à tout prix conserver une position de force dans la région. Ayant des accords pétroliers importants en Arabie Saoudite, l’administration Bush ne peut attaquer ce pays. Par contre, l’Irak, le pays voisin au nord de l’Arabie Saoudite, est une cible plus facile dû à son historique conflictuel avec les États-Unis. En renversant Saddam Hussein, les États-Unis seront en position de force pour contrôler et éventuellement préparer la démocratisation à l’Américaine des autres pays producteurs de pétrole. L’Arabie Saoudite est la cible la plus importante car ses relations avec les Américains sont chancelantes et l’économie américaine en dépend fortement.
L’éventuelle perte de pouvoir au Moyen-Orient (instabilité israélienne) et les futurs conflits avec l’Arabie Saoudite menacent l’économie américaine.
L’Irak est stratégiquement beaucoup plus intéressant qu’Israël car sa population est totalement manipulable, non éduquée, son voisin du sud est l’Arabie Saoudite et son territoire constitue une ressource importante en pétrole. L’Irak serait un paradis comme base américaine pour contrôler le Moyen-Orient et permettrait de rétablir la stabilité du pouvoir américain dans cette région. De plus, cela permettrait aux Américains de se débarrasser des problèmes israélo-palestiniens auxquels ils sont liés en finançant Israël.
Bref, l’enjeu primordial est la croissance économique américaine. Celle-ci est dépendante du pétrole et des investissements massifs dans l'industrie de la guerre (prolongement des politiques d'armement américaines après la 2eme guerre mondiale). Donc, sachant que les Américains risquent de perdre leur position de pouvoir au Moyen-Orient et qu'ils sont dans une récession grave, il est idéal d'attaquer l'Irak. Cette guerre permet de légitimer les investissements massifs et croissant dans l'industrie de la guerre et d'assurer, à long terme, que l'économie américaine soit moins dépendante du pétrole. Il est évident qu'ils s'accapareront des ressources pétrolières de l'Irak après une victoire. Voici plusieurs autres avantages à cette guerre:
Cette guerre assurera aux amis du domaine pétrolier de l'administration Bush de faire de grosses affaires.
de certains pays (la France etc.) de ces deux groupes sera effacée.
Un tel déguisement des véritables intentions de l'administration Bush montre à quel point l'intérêt de leur nation n'a aucune importance comparativement à la prospérité d'une minorité de capitalistes. La raison fondamentale cachée derrière l'obsession américaine d'attaquer l'Irak est la maximisation du profit de cette minorité de capatalistes, ceux qui ont le vrai pouvoir sur cette planète. Les droits du capitalisme n'ont aucunes limites !
Francis Pieraut , 29 janvier 2003 et revisé le 14 février 2003.
PS: Le comportement de la France me rend extrêmement fier de ma patrie. (hey oui, je suis aussi Français !). Un pays de deuxième catégorie (tel que qualifié par Peter King, représentant républicain de l'État de New York[11]) ose s'opposer à son sauveur de la deuxième guerre mondiale.
--[1] Znet,
Iraq Wars, par Chalmers Johnson.
[2] CBS News, tel que rapporté dans le New York Times, 5 septembre 2002,
p. A10; Bob Woodward, Bush at War (New York: Simon and Schuster, 2002);
et Chris Bury, "A Tortured Relationship: U.S.-Iraq relations, Part 2:
War," ABC News, 18 septembre 2002.
[3] Znet, Iraq Wars, par Chalmers Johnson.
[4] Simplifications abusives et lecture de journaux insupportables, 28
janvier, Patrick Lamoureux, je n'ai pu retrouver l'article de newsweek mais cette
article y fait référence aussi.
L'aut Journal.
[5] International
Energy Outlook 2002 [statistiques
sur la production par pays en essence et en gaz]
[6] Les
États-Unis sont devenus fous !,17 janvier 2003,John Le Carré, L'Aut journal.
[7] Voir note précédente.
[8] Ariel Sharon exclut une alliance avec l'extrême droite, 29 janvier
2003, Radio-Canada.ca.
[9] Le modèle américain par vents contraires, Eric Le Boucher, 31 decembre 2002
Le monde.
[10] Les relations entre Washington et Riyad pourraient s'envenimer, Radio-Canada.ca. Mise à jour le
mardi 26 novembre 2002.
[11] Le bras de fer franco-américain se poursuit, 11
février 2003 Radio-Canada.ca.