La résolution qu'a réclamée Washington au Conseil de sécurité de l'ONU exige de Bagdad une coopération totale avec les inspecteurs en désarmement et prévoit, dans le cas contraire, une intervention militaire. Pour être adoptée, une résolution doit récolter l'appui de 9 des 15 pays membres. Pour l'instant, 11 des 15 pays membres du Conseil de sécurité se sont prononcés pour une prolongation de la mission des inspecteurs de l'ONU en Irak. Les États-Unis ne peuvent compter, pour l'instant, que sur les voix de la Grande-Bretagne et de l'Espagne, et peut-être celle de la Bulgarie. Cinq pays se sont prononcés résolument pour une poursuite des inspections en Irak : la France, la Russie, la Chine, l'Allemagne et la Syrie.
Les 15 membres sont : France, Allemagne, Guinée, Mexique, Pakistan, Fédération de Russie, Espagne, République arabe syrienne, Royaume-Uni, Angola, Bulgarie, Cameroun, Chine, Chili et les États-Unis. De plus, il est à noter que la France, les États-Unis, la Chine, la Fédération de Russie et le Royaume-Uni possèdent un droit de veto sur les décisions [1].
Les pays [2] qui subiront des pressions [3] intenses de l’administration Bush sont les six pays du Conseil de sécurité considérés comme indécis sur l'Irak : Angola, Cameroun, Chili, Mexique, Guinée [4] et Pakistan. Peu de ces pays pourront résister longtemps face à de futures menaces économiques américaines. La France, quant à elle, subit déjà une pression économique reliée au boycott de ses produits aux États-Unis [5].
L’opposition pourrait être affaiblie car la Russie et la Chine pourraient s’abstenir et/ou changer de position. Le président de la Russie, Vladimir Poutine, pourrait monnayer son appui à une intervention militaire des États-Unis contre l'Irak. Comme il l'a fait au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 à New York et à Washington, Poutine pourrait accepter de soutenir le président Bush, si celui-ci fermait les yeux sur les opérations russes contre les Tchétchènes réfugiés en Géorgie. Le président russe doit cependant tenir compte d'une opinion publique et d'une armée peu encline à approuver ce revirement politique, qui transformerait l'ancien ennemi en partenaire stratégique. La Chine, par principe, s'oppose à toute ingérence dans « les affaires internes » d'un pays. Toutefois, pour les dirigeants chinois, une autre variable compte : la croissance économique. Pékin doit donc éviter de mécontenter Washington. Certains observateurs soutiennent également que la Chine pourrait apporter son appui à une intervention militaire si les Américains devenaient moins critique face à sa politique à l'égard de Taiwan.
Je me demande bien qui seront les prochains à flancher sous la pression américaine. Si par des pressions économiques, les Américains réussissent à rallier 9 États membres du conseil de sécurité et à s'assurer qu'aucun des 4 autres pays ayant un droit de veto ne l'utilisent, alors nous aurons un autre exemple qu’à l’heure actuelle, le pouvoir économique peut tout subordonner.
Remarque: Plusieurs phrases de ce texte sont tirées d’articles apparaissant sur le site de Radio-Canada.
[1] liste des états membres du conseil de sécurité de l’ONU
[2] Les indécis sous surveillance?(3 mars 2003, Radio-Canada)
[3] Vote probable la semaine prochaine (3 mars 2003, Cyberpresse)
[4] La Guinée n'a pas encore décidé de son vote à l'ONU (3 mars 2003, Cyberpresse)
[5] Voir French Boycott web page et Should We Boycott French Products?