La 7ième Journée Internationale Contre la Brutalité Policière évite les arrestations de masse

Soumis par anarcat le jeudi, 20 mars, 2003 - 00:25 Compte-rendu
Mouvements sociaux

Samedi le 15 mars dernier se tenait à Montréal la 7ème Journée

     Internationale Contre la Brutalité Policière. J'étais présent en
     tant que manifestant ayant été victime de la répression
     policière grandissante qui sévit partout au Québec (et je dirais
     même dans le monde), mais aussi en tant qu'observateur en mes
     capacités de photographe/écrivain/journaliste. Je vous
     partage ici mes observations et réflexions suite à cette
     importante manifestation qui s'est ma foi très bien déroulée, et,
     pour une fois, sans arrestations.
     La manifestation a commencé au parc MacKenzie King, près du
     métro Côte Sainte-Catherine. Le quartier a été choisi pour nous
     rappeler qu'il est trop souvent oublié quand on parle de
     brutalité policière. La police règne en effet sur ce quartier
     d'une main de fer habituelle derrière le nouveau gant de velours
     Communautaire. D'un bras, elle menace les immigrants parfois
     illégaux qui y vivent le sous spectre de 
     la police de l'immigration, et de l'autre elle harcèle
     les gens isolés et souvent pauvres qui habitent ce quartier.
L'échange de discours



     les nouvelles disco-mobiles du SPM
     anti-emeutes sans casques et boucliers

Avant que la marche commence, le Commandant Rondeau et le

     Lieutenant Serge Boulerice se sont mêlés à la foule, accompagnés
     de deux policiers anti-émeutes (casques, matraques et boucliers
     en moins), pour prendre leur pouls habituel des manifestants. [1] Le Cmdt. Rondeau a ensuite servi un avertissement
     en règle pour bien nous faire réaliser que si nous commettions
     "des infractions, nous étions passibles d'accusations devant les
     tribunaux et qu'ils mettraient fin à la manifestation"[2]. Ils ont
     évidemment évité de préciser de quelle façon ils mettent
     habituellement fin aux manifestations, ces dernières années.insecte policier En
     effet, depuis plusieurs années, la police prend un malin plaisir
     à "disperser" les manifestations en courant dans la foule ou en
     encerclant les manifestants pour procéder à des arrestations de
     masse. Notre "droit de manifester" étant semble-t-il conditionnel
     non seulement à l'absence d'infractions de tout ordre pendant le
     déroulement de la manifestation mais aussi de la bonne humeur des
     policiers. Dès la fin du discours du Cmdt. Rondeau, un insecte
     policier fit apparition dans le ciel. [3]

     La réponse des manifestants ne se fit pas attendre. Un de
     ceux-ci pris le porte-voix pour déclarer que "toute tentative de
     votre part, pour entraver le libre exercice de la liberté
     d'expression, pourrait avoir des répercussions juridiques. On n'a
     pas besoin de vous autres aujourd'hui, pas plus qu'on a besoin
     de vous autres le restant de l'année. Et je suis convaincu que
     vous avez pas plus envie d'être icitte, que nous autres on a
     envie de vous voir." C'est ce que l'on appelle mettre les points
     sur les I.
     On appela ensuite la manifestation à éviter la casse inutile
     pour éviter de donner aux policiers une raison pour faire des
     arrestations de masse, et la marche s'amorça vers le nord. La
     marche a continué calmement vers le métro Plamondon, où elle
     s'est terminée par une période de "micro" ouvert ou les
     résidents du quartier et des manifestants ont fait valoir leurs
     points de vue.
La tactique policière



     Les anti-émeutes sont restés hors de portée visuelle des
     manifestants tout au long de la manifestation, mais des sources
     mobiles ont indiqué qu'ils étaient bel et bien prêts à
     agir. Lorsque j'ai quitté la manifestation, des gens appelaient
     les manifestants à quitter en groupes et annonçaient la
     proximité des anti-émeutes.
     L'approche prise par la police dans la manifestation montre
     qu'elle ne semblait pas avoir envie de se taper la chasse aux
     manifestants annuelle. L'artifice a été mis cette fois sur le
     tape-à-l'oeil rapide et efficace: approche douce, discours
     ferme, hélicoptère omniscient et panier à salades discrets mais
     évidents. Le spectre des arrestations de masse sert bien la
     police. D'ailleurs, ils devaient être autrement plus préoccupés
     de la manifestation de 250 000 personnes et plus qui se déroulait
     presque simultanément sur René-Lévesque et de l'impact qu'une
     intervention violente sur une manifestation pacifique aurait pu
     avoir sur l'inconscient de cette masse de 250 000 âmes. Il ne
     faut donc pas voir un acte de pitié ou d'indulgence dans la
     manoeuvre des policiers. Après les arrestations de masse
     complètement injustifiées des dernières années, les flics se la
     coulent douce.
     Donc, une bonne conclusion à cette 7ème JICBP, qui fut un grand
     succès pour les organisateurs ayant réussi les objectifs
     d'éviter les arrestations et de sensibiliser la population locale
     non seulement au problème de la brutalité policière mais aussi
     à la présence d'un support populaire à la cause des opprimés.

en marche contre la brutalité policière!

--
[1]

     Notons que les anti-émeutes arboraient ouvertement des sacs
     remplis d'assez de menottes en plastiques ("Tie-Wraps") pour
     immobiliser des dizaines de personnes, ce qui rend
     l'affirmation qu'ils sont là "pour notre sécurité" assez
     révoltante.

[2] Voici la transcription d'un enregistrement du "discours" initial

     du commandant Rondeau, projeté d'un véhicule de police semblant
     contenir une puissance de son assez impressionnante.
     "...dans le même sens que la circulation. Je suis responsable de
     cette opération et de votre sécurité. Vous avez le droit de
     manifester à condition de ne pas commettre d'infraction et
     aucune ne sera tolérée. Si vous commettez des infractions, vous
     êtes passibles d'accusations devant les tribunaux et nous
     mettrons fin à la manifestation.".
     Permettez-moi de douter de la légalité de cette pratique. En
     effet, autant que je sache, la plupart des infractions sont des
     actes individuels, à moins que l'on parle d'émeute, et en
     écartant les boueux "attroupement illégal" ou "troubler la
     paix". Ainsi, ceci a la vertu, pour les policiers de légitimiser
     toute forme de répression car on pourrait montrer que dans toute manifestation suffisamment grande, il y aura
     au moins un individu commettant une infraction, que ce soit      cracher par terre ou brûler un feu rouge!


[3] L'hélicoptère en

     question suivit la manifestation sur tout son trajet, restant
     même de longues minutes après la fin de celle-ci.