Le mouvement anti-guerre: deux poids, deux mesures?

Soumis par tatien le lundi, 7 avril, 2003 - 11:11 Analyse
GéopolitiqueMouvements sociaux

"Ils ont attaché un fil électrique à mon pénis et l'autre bout est [sic] attaché à un moteur électrique. L'un des hommes de la sécurité frappait mes pieds avec un câcle. Des chocs électriques ont été appliqués régulièrement ["every few minutes"] et ont été augmentés. J'ai dû rester suspendu pendant plus d'une heure. J'ai perdu conscience. Ils m'ont emmené dans une autre pièce et m'ont fait marcher bien que mes pieds étaient enflés par les coups... Ils ont répété cette méthode quelques fois."

Le 2 juillet 1999, Al-Shaikh Yahya Muhsin Ja'far al-Zeini, un ex-étudiant en théologie alors âgé de 29 ans, fut arrêté. Il fut emmené à l'Agence de Sécurité Saddam. Il a déclaré à Amnistie Internationale avoir été torturé de la sorte pendant cinq mois, condamné à dormir dans une cellule froide, mains liées, le visage contre le sol.[1]

Dans le monde moderne, il existe deux formes de barbarie[2]. La première, romantisée et rapidement oubliée par les médias de masse des civilisations "éclairées" qui la perpètrent, est la barbarie associée aux "dommages collatéraux" de la guerre militaire et économique. Est-il besoin de rappeler la cruauté extrême des embargos sur Cuba, l'Irak et Haiti, dont la légitimité est souvent particulièrement douteuse par rapport au mal humanitaire qu'ils engendrent[3]? Et que dire des bombardements de l'OTAN en Ex-Yougoslavie pendant la "guerre" du Kosovo qui tuèrent directement plus de 500 civils, détruisant des établissements civils (hôpitaux, systèmes d'irrigation, etc) [4] et accélérèrent la purification ethnique perpétrée par les Serbes[5], laissant un pays en ruines[6] et des tensions ethniques toujours présentes dans la région. Bien sûr, dans le contexte actuel nous ne pouvons oublier la Guerre en Irak perpétrée par la coalition États-Unis - Grande-Bretagne, où l'utilisation de "cluster bombs" et de mines anti-personnelles menace gravement la population civile[7].

La seconde, régulièrement dénoncée par les organismes humanitaires comme Amnistie Internationale et Médecins sans frontières, est le fait des régimes totalitaires à l'endroit de leur propre population et des conflits raciaux. Pensons à la Tchétchénie, où les journalistes ont un interdit de séjour[8] et où les autorités russes exercent vraisemblablement une véritable politique d'épuration ethnique[9]. Pensons à la Bosnie-Herzégovine, dont la population musulmane fut décimée par une épuration ethnique violente, menée principalement par les troupes Serbes, qui mena à plus de 150 000 morts. N'oublions pas le Rwanda, où une intervention de l'ONU aurait pu sauver de la mort un million d'innocents. Pensons enfin aux quelques 70 pays où des prisonniers sont torturés et/ou exécutés: Arabie saoudite, Chine, Cuba, Irak, Iran, Égypte, États-Unis[10], Jordanie, Maroc, Soudan, Syrie, Turquie, etc.

Le vaste mouvement qui s'est mobilisé dernièrement contre la guerre en Irak, avec des manifestations monstres dans plusieurs pays, a plus souvent penché son analyse sur la première forme d'atteinte aux droits humains que sur la seconde. Nous nous indignons de voir que les gouvernements des États forts, ceux qui ont la force militaire nécessaire pour intervenir dans d'autres pays, jouissent d'une forme d'immunité. Cette immunité attribuable à la seule force des puissants entre en contradiction avec l'idée même d'une véritable justice planétaire, égalitaire et fraternelle. Voir Milosevic sur le banc des accusés est certes réconfortant, mais voir Kissinger, directement impliqué dans de nombreux crimes contre l'humanité, non seulement libre de toute entrave mais toujours présent dans l'administration américaine - Kissinger a été nommé récemment à la tête d'une commission d'enquête sur le 11 septembre[11] - nous fait sérieusement douter de la sincérité d'une prétendue "justice internationale" que les États "éclairés" se targuent de défendre. Aussi est-il normal et important que nous nous efforcions de faire le travail pénible de déconstruire la propagande de ces États forts dont nous faisons partie.

Cependant, bien peu de gens se sont insurgés contre la seconde forme de brutalité, celle perpétrée dans ce cas par le régime irakien à l'endroit de sa propre population. Pourtant, les exemples ne manquent pas: utilisation d'armes chimiques contre l'Iran de 1980 à 1988, gazage de 5000 Kurdes à Halabja en 1988, crimes de guerre et crimes contre l'humanité durant l'invasion du Koweit (1990-1991), crimes contre l'humanité à l'endroit de plusieurs minorités (Kurdes, Chiites, etc) et dissidents politiques, exécutions sommaires, etc[12]. S'il est vrai que les américains ne sont pas étrangers à ces crimes, ayant financé Saddam Hussein pendant toutes les années 80, il ne faut pas pour autant rejetter toute la faute sur ces derniers: Saddam n'est pas une marionette des américains, c'est un dictateur sanguinaire qui ne se gêne pas pour aller en guerre dès qu'il en a la possibilité. Il est important, pour quiconque se proclame humaniste, de dénoncer les deux types d'atrocité sans distinction. Or, dans la situation actuelle de la guerre en Irak, très peu de pression a été faite dans un esprit d'opposition au parti Bhaas. En fait, il n'est pas étonnant que Saddam ait repri la voix du mouvement anti-guerre comme un appui à son régime: ce même mouvement ne s'est jamais soulevé dans d'aussi grandes proportions contre lui. Cette faille importante a rendu, aux yeux de certains, le mouvement moins crédible et ce, avec raison.

Je pense que ce qui a retenu le mouvement, c'est qu'une opposition au régime irakien aurait pu être inversement reprise par la coalition pro-guerre comme un appui à leur cause. Mais devant l'ampleur du mouvement anti-guerre, le côté fallacieux de cette récupération aurait été rapidement mis au grand jour. Par contre, je ne pense pas que ça aurait changé de beaucoup le cours des événements actuels. L'objectif de la coalition US-UK était clair dès le début des "négociations" à l'ONU: détrôner Saddam par le biais des armes. Dans ce contexte, il était également clair que ce dernier n'allait pas se laisser faire sans rechigner, ce qui a été repris par les forces de la coalition comme une justification de l'intervention militaire sous prétexte que les inspections de l'ONU étaient inefficaces. Par contre, il aurait été évident que la voix du mouvement n'allait pas dans le sens d'un appui au régime irakien et d'une opposition aux États-Unis à saveur antiaméricaine, mais un véritable appui à une solution diplomatique et humanitaire. Il est important de retenir cette leçon pour l'avenir.

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[1] Iraq: Systematic torture of political prisoners, Amesty International.
[2] Réda BENKIRANE, De la barbarie en général et de l'ingérence en particulier, @rchipress.
[3] Selon l'UNICEF, deux fois plus d'enfants irakiens meurent depuis le début de l'embargo en Irak. Source: UNICEF : Questions and Answers for the Iraq child mortality surveys, UNICEF.
[4] Who NATO killed
[5] The NATO bombing: an assault on sovereignty, rapport de l'ex-ambassadeur du Canada en Yougoslavie à la Chambre des Communes.
[6] À être reconstruit par des contracteurs des pays de l'OTAN.
[7] Iraq: Use of cluster bombs -- Civilians pay the price, Amnesty International, 2 avril 2003.
[8] La Russie refoule Günter Wallraff, venu enquêter sur les droits de l'homme en Tchétchénie, Reporters Sans Frontières.
[9] Can you call this anything but genocide?, USA TODAY, 2 février 2000.
[10] Les États-Unis, comme on le sait, appliquent toujours la peine de mort dans plusieurs de leurs États. Depuis le 11 septembre, les lois antiterroristes ont alloué plus de "laxisme" quand au traitement des prisonniers, résultant en un retour de la torture dans la prison de Guantanamo Bay (source: U.S. Decries Abuse but Defends Interrogations, Washington Post, 26 décembre 2002).
[11] Bush names Kissinger to head 9/11 probe, CNN, 29 novembre 2002.
[12] War Crimes, U.S. Department of State, International Information Programs.

Re : Le mouvement anti-guerre: deux poids, deux mesures?

by Michael Lessard on 7 décembre, 2003 - 01:46Score: 3

Bon, je suis un peu en retard sur la discussion: l'invasion est terminée et l'occupation dégénère en chaos total, presqu'à la guerre civile en plus de la résistance armée. C'était pourtant prévisible et je me demande souvent si Bush II et collaborateur(trice)s étaient vraiment conscient(e)s des effets qu'auraient leur invasion. Mais ce n'est pas là le but de mon commentaire.

Tout d'abord, je suis impressionné par l'honnêteté intellectuelle de ton analyse Tatien et par celle aussi dans les commentaires. À vrai dire, j'étais carrément heureux de te lire. Je me suis posé ces genres de questions pas mal lorsque j'ai travaillé corps et âme contre l'invasion. J'étais sérieusement inquiet. Je me demandais: si on réussit à arrêter ou à ralentir les plans de Bush II, est-ce que tout ce mouvement antiguerre va abandonner à nouveau le peuple irakien sous des sanctions économiques globales totalement inhumaines et criminelles et, en plus, sous la tyrannie de Saddam Hussein et frères? Après tout, quand j'ai milité pendant des années contre ces maudites sanctions, où étaient les militant(e)s de Québec? C'est tout juste si on ne me prenait pas pour un illuminé, même parmi les activistes de Québec, de me préoccuper autant du peuple irakien. Un côté de moi se disait que c'était fort probablement ce qui arriverait: bien des militant(e)s seraient passés à autre chose. Par contre, je gardais espoir que, une fois le plan d'invasion écarté, c'était possible de pousser le monde à intervenir de manière humaine et responsable en Irak pour vaincre la propagande de Bush II et aider le peuple irakien à se libérer lui-même.

Ah, c'était beau rêve: de réussir avec un mouvement mondial de faire lever les sanctions, de faire tomber le régime antidémocratique, après avoir bloqué l'empire. Néanmoins, la lutte n'est tellement pas terminée. Personnellement, j'aimerais qu'il soit écrit noir sur blanc à l'ONU que des sanctions globales (qui englobent tout un pays) sont une politique de destruction massive et constituent un Crime contre l'Humanité (dans tout son sens éthique). Puis il y a encore le défi de communiquer ce que pense le peuple irakien actuellement versus le «n'importe quoi» confus qui sort des médias états-uniens.

Ma conclusion, c'est que le monde entier, mais surtout les gouvernements membres de l'ONU, ont été atrocement irresponsables de laisser la situation devenir aussi désespérée en Irak. Avec la pleine participation du Canada, ils ont écrasé le peuple et renforcé Saddam Hussein. C'est cette situation qu'ils ont eux-mêmes causée qui a rendu possible l'invasion impérialiste.

Michaël 'Mic' Lessard www.siriel.info

 

L'ONU joue un jeu dangereux

by tatien on 7 décembre, 2003 - 16:25Score: 1

Merci pour ton commentaire Michaël.

J'ajouterais que dans la situation actuelle, j'ai l'impression que l'ONU joue un jeu dangereux en ne répondant pas aux appels des américains de se joindre à eux en Irak. Oui, les américains sont très chiants car ils refusent que les forces soient sous commandement de l'ONU, oui, ils jouent au jeu du plus fort, mais il me semble que pour l'ONU, ce qui devrait primer c'est le bien-être du peuple irakien et dans la situation actuelle, je me demande s'ils ne devraient pas cesser de jouer à ce petit jeu et intervenir, sous commandement américain ou pas.

J'ai l'impression que beaucoup de pays membres de l'ONU sont bien contents de voir les USA se planter en Irak, mais ce n'est justement pas l'attitude que l'ONU devrait avoir: ils devraient tout faire ce qui est possible, étant donné les circonstances, pour calmer le jeu en Irak.

Mais il est vrai que sous commandement américain, les groupes d'opposition locaux verraient sans doute les forces de l'ONU comme des ennemis, donc je comprend de ce point de vue là que l'ONU ne souhaite pas intervenir pour le moment.

Question complexe

by phil on 15 avril, 2003 - 14:17Score: 3

Je dois tout d'abord dire que je suis pas mal content de voir un texte sur ce sujet, traité par quelqu'un de la gauche radicale. C'est extrêmement rare, et je ne suis pas peu fier de voir que c'est dans notre webzine. :)

La question du "deux poids deux mesures" de la gauche est une question à mon avis très complexe. Il n'y a pas de solution-type qu'on peut appliquer à toutes les situations.

Je suis en général en grand accord avec ton article, mais j'ai trois nuances à apporter.

1- "Il est important, pour quiconque se proclame humaniste, de dénoncer les deux types d'atrocité sans distinction."

En effet, il faut dénoncer toutes les atrocités sans réserve, mais je crois qu'il faut parfois apporter des distinctions. J'aime bien le principe qu'énonce Noam Chomsky dans le film Manufacturing Consent: il faut s'attarder en premier aux morts dont nous sommes, quelque part, responsables. C'est un principe éthique qui me semble très important, parce qu'il assure de la part de la frange dissidente de la société une certaine forme d'autocritique. Or, nous, le Québec et le Canada, sommes habituellement davantage du côté des États-Unis que du côté de l'Irak, mettons. Comme QuébécoisEs et CanadienNEs, je dirais que nous avons généralement une responsabilité de "complicité de meurtre", et parfois de meurtre clair et net.

En ce sens, il était fondamental de s'exprimer fortement contre une intervention américaine en Irak, non par anti-américanisme, mais pour s'assurer que nos gouvernements n'appuient pas l'initiative des "coalisés", ce qui nous aurait rendus partiellement responsables des dégâts commis en Irak.

Cela dit, ça n'implique pas qu'il faut se taire sur des atrocités commises par d'autres, là-dessus je suis d'accord qu'il y a souvent des manques.

2- Une autre raison pour laquelle, je crois, il faut accorder une priorité à nos propres "erreurs" est pour éviter, autant que possible, de tomber dans un ethnocentrisme qui peut facilement tomber en impérialisme concret. C'est aussi ce que je voulais dire par souci d'autocritique. Dans de nombreux pays musulmans, le voile pour les femmes (pas celui sur le visage au complet) est un accoutrement usuel, comme la robe ou la jupe pour les femmes d'ici, par exemple. Il faut souvent faire très attention lorsqu'on critique ce genre de pratique. Un exercice auquel j'aime bien me prêter est de chercher une pratique équivalente en Occident, mais auquel la majorité des gens ne prêtent jamais attention parce que c'est intériorisé. Par exemple, on pourrait dire que les talons hauts pour les femmes sont un instrument d'oppression au même titre que le voile (dans les pays musulmans qui l'utilisent à des fins d'oppression): limitation des déplacements, contrôle du corps, "suraccentuation" des attributs physiques, etc.

Encore là, il n'y a pas de solution toute faite. Dans certains cas, un simple souci de respect des droits humains nous pousse à prendre position, comme dans le cas du régime des Talibans, par exemple. Mais on peut franchir très rapidement la frontière entre "humanisme" et "imposition du mode de vie occidental".

Il y a deux pièges à éviter, les deux extrêmes: d'un côté, l'ethnocentrisme, de l'autre, le relativisme.

3- "Je pense que ce qui a retenu le mouvement, c'est qu'une opposition au régime irakien aurait pu être inversement reprise par la coalition pro-guerre comme un appui à leur cause. Mais devant l'ampleur du mouvement anti-guerre, le côté fallacieux de cette récupération aurait été rapidement mis au grand jour. (...) il aurait été évident que la voix du mouvement n'allait pas dans le sens d'un appui au régime irakien et d'une opposition aux États-Unis à saveur antiaméricaine, mais un véritable appui à une solution diplomatique et humanitaire."

Je te trouve plutôt optimiste ici. Bien sûr, si les pacifistes avaient davantage insisté sur la barbarie du régime irakien, probablement que la coalition pro-guerre aurait tenté de dire: "vous voyez, même les pacifistes sont d'accord sur le fait que le régime de Saddam doit être renversé". Et bien sûr, les pacifistes n'auraient pas embarqué et auraient vu le côté fallacieux de l'argument.

Mais là où je ne suis pas d'accord avec toi, c'est que la coalition ne cherche pas à convaincre les pacifistes convaincus, mais plutôt l'opinion publique "modérée" ou "indécise". Or, cet argument aurait pu les convaincre, eux.

Cela dit, ce n'est pas une raison pour ne pas dénoncer le régime de Saddam. De toute façon, la récupération, c'est un jeu de chat et de souris qui est à peu près impossible à éviter, à partir du moment où un mouvement devient fort. De la récupération, il y en avait déjà eu de toute façon, mais de d'autres ordres: des nationalistes, par exemple, mais aussi des politicienNEs québécoisEs en général, et même de Star Académie, qui a eu sa chanson anti-guerre... misère...

 

Re : Question complexe

by tatien on 16 avril, 2003 - 16:32Score: 0

1- «il faut s'attarder en premier aux morts dont nous sommes, quelque part, responsables»

Excellent principe, en effet. Puisque nous pouvons influer plus facilement sur notre propre gouvernement dans les décisions qu'il prend, nous devons utiliser cette influence pour que ce dernier prenne des décisions humanitaires.

Il faut cependant faire attention avec la notion de responsabilité. Si un de tes amis se met à battre sauvagement un inconnu pour lui voler son fric, tu as la responsabilité d'agir auprès de ton ami pour qu'il cesse cette injustice. Mais si tu vois un inconnu battre un autre inconnu, tu as également la responsabilité d'intervenir. Dans le premier cas, si tu n'intervient pas, tu es complice; mais dans le second, tu es également coupable si tu ne fais rien, à condition de pouvoir faire quelque chose. La différence majeure entre ces deux situations est que dans le premier cas, il est évident que tu peux faire quelque chose en intervenant auprès de ton ami (tu as de l'influence sur lui); c'est bien moins évident dans le second (tu n'as pas nécessairement de l'influence sur les deux mecs).

Pour se ramener en contexte: nous avons une influence sur l'opinion publique et, par extension, sur les politiciens qui veulent se faire élire chez nous. Si minime soit cette influence, elle est quand même plus grande que notre influence sur un dictateur comme l'était Saddam. Ce qui aurait pu améliorer les droits humains en Irak sous le parti Baas était soit (a) de transmettre un message d'appui à la population irakienne contre Saddam -- ce qui n'est pas évident sous une dictature, car les médias sont contrôlés -- et (b) de faire pression sur notre gouvernement pour qu'il utilise à son tour des moyens de pression sur le gouvernement irakien. Ces moyens doivent être autant que possible des moyens diplomatiques, mais ils peuvent également être économiques et/ou militaires si la situation dégénère (e.g. épuration ethnique). Il faut s'assurer que dans ces derniers cas, les gouvernements dont nous faisons partie respectent eux-mêmes les droits humains et n'empirent pas la situation, ce qui n'est généralement pas possible parce qu'ils utilisent plus traditionnellement ces moyens pour augmenter leur pouvoir et non pour le bien de l'humanité. C'est l'une des raisons fondamentales pour lesquelles il fallait s'opposer à la guerre: la coalition y allait pour se positionner au Moyen-Orient et pour se faire tout le pétrole, pas pour les droits humains.

Dans le cas du Rwanda, il aurait fallu que nos gouvernements interviennent et ils ne l'ont pas fait malgré les pressions. Ils l'auraient sans doute fait s'il y avait eu un soulèvement aussi fort que celui du mouvement anti-guerre-en-Irak. Ils n'ont rien fait alors qu'ils pouvaient et nous sommes donc en partie responsables.

2- C'est un excellent point, je vais m'en rappeler. À propos du hijab.

3- «Mais là où je ne suis pas d'accord avec toi, c'est que la coalition ne cherche pas à convaincre les pacifistes convaincus, mais plutôt l'opinion publique "modérée" ou "indécise". Or, cet argument aurait pu les convaincre, eux.»

En effet, je pense que c'aurait été le cas: je projetais ce qu'aurait été ma propre réaction sur le reste des gens, ce qui est une erreur.