Mgr Turcotte, les gais et l'inceste

Soumis par phil le mercredi, 10 septembre, 2003 - 17:37 Remarque · Sexes et genres
MédiasPolitique nationale

Entendu à la radio aujourd'hui.

Comme vous le savez peut-être, la Conférence des Évêques du Canada (je pense ne pas me tromper) s'est officiellement prononcée contre le mariage des gais, même si elle disait que ce n'était pas par discrimination (?!?).

La palme va cependant à Mgr Turcotte, supposé "archevêque de son temps", probablement parce qu'il passe fréquemment dans les médias. J'espère qu'il va se faire ramasser par ces mêmes médias suite aux propos qu'il a tenus aujourd'hui.

C'est malheureusement une citation de mémoire, mais ça ressemblait beaucoup à ça: "Le problème que je vois avec le mariage gai, c'est la difficulté d'établir des limites. En effet, si des personnes de même sexe peuvent se marier, permettra-t-on ensuite le mariage entre un frère et une soeur, entre un père et sa fille, entre une mère et son fils?"

Autrement dit, les gais sont à mi-chemin entre la bonne conduite hétérosexuelle et la déviance incestueuse. Sans commentaire.

[Reste que je ne comprends pas trop les gais de tant vouloir se marier...]

Re : Mgr Turcotte, les gais et l'inceste

by Map on 20 septembre, 2003 - 20:02Score: 2

[Reste que je ne comprends pas trop les gais de tant vouloir se marier...]

Mais pourquoi pas se marier? Qu’un couple, gai ou hétérosexuel, ne veuille pas de cérémonie traditionnelle de mariage parce qu’insatisfait de la rigidité de l’Église catholique, je conçois sans problème l’action politico-religieuse. Qu’un couple, toujours de tous sexes confondus, désirant officialiser leur aventure de vie commune (et au passage profiter d’avantages fiscaux, parentaux et de reconnaissance sociale en tant qu’union tout en assumant les responsabilités ainsi engendrées) rêve de se marier, je ne vois pas en quoi l’orientation sexuelle vient jouer. Le mariage comme rite de passage n’a pas perdu de son sens avec l’augmentation en flèche des unions libres, des divorces ou de l’élargissement de sa définition. Au contraire! J’ai beaucoup d’admiration pour ceux qui s’y embarquent remplis de bonne volonté. Tout mariage réfléchi au delà de la couleur des invitations et de la taille du gâteau se doit de valoir la peine d’être célébré et reconnu publiquement! En fait les anglais son beaucoup plus subtils dans leur vocabulaire. À ce sujet, ils distinguent « wedding » de « marriage ». Une union de fait, même sans cérémonie, représente souvent le concept même de « marriage ». Pourquoi les couples gais qui vivent déjà cette réalité n’auraient pas le goût d’avoir leur « wedding » et de proclamer leur intentions de vie de couple « devant Dieu et les hommes » ou du moins, « devant l’officier municipal et les hommes »?

Le Devoir, encore

by anarcat on 13 septembre, 2003 - 15:36Score: 0

... a un article à la une, avec un gros plan de la verrue faciale de NotreSeigneur Jacques Berthelet, évêque de St-Jean-Longueuil (les Églises aussi ont fusionné??!) et président de la Conférence des évêques catholiques du KKKanada. La photo du curé adoptant une pose pensive est sous-titrée de la citation suivante:

Nous demandons aux hommes et aux femmes politiques catholiques, comme à tous les catholiques d'ailleurs, de former leur conscience dans la prière, par la lecture attentive des Écritures et par l'écoute respectueuse de l'enseignement de l'Église

Curieusement, nos religieux semble ignorer une partie de l'histoire (du moins du Québec) que l'on a ici nommée "Révolution tranquille" où l'église s'est fait gentiment montrer la porte dans la salle de la Morale Étatique. Là où justement, l'Église a pris traditionnellement pied (la Morale), l'État tente justement de s'en éloigner et généralisant les concepts de mariage, d'union et de justice pour englober les groupes définis dans sa constitions et chartes des droits.

Il semblerait que l'église s'attende à ce que l'État fasse à nouveau "la job à sa place" et mate les esprits par la coercion des "comportements déviants". Mais poursuivons l'examen du discours de ces barbares, voici la citation exacte de Monseigneur Turcotte, archevêque de Montréal:

Si le mariage devient l'union de deux personnes qui s'aiment, va-t-on permettre le mariage entre un frère et sa soeur? Entre un père et sa fille? Entre une mère et son fils?

Garnotte, dans une caricature publiée le lendemain, réplique avec une image d'un couple mâle se mariant, où un des deux déclare "Content de voir qu'il n'a rien contre le mariage d'un père et son fils". :) C'est le traditionnel appel au vice, la comparaison inévitable entre la sodomie et un acte du Diable, une démonisation pure et simple de la relation homosexuelle. Comparer l'inceste à l'homosexualité, ce n'est pas rien. C'est non seulement odieux, c'est inacceptable, surtout d'une institution qui se dit gardienne de la morale. C'est une réaction qui nous rappelle les époques les plus sombres de l'Église, qui ne sont pas si loins après tout, on le comprend maintenant.

Les évêques, fidèles à eux-mêmes, demandent à l'État de protéger la "cellule de base de notre société". Vivant 30 ans en arrière, les curés n'ont sans doute pas encore remarqué que leurs églises se vident, que les mariages sont en chute libre, que les unions libres sont en vogue et que la foi chrétienne en prend une claque. Effectivement, entre 1991 et 2001, le nombre de réponses "Aucunes religions" chez statistiques canada, a augmenté de 4% à l'échelle du canada, ce qui représente 1,6 millions de personnes! Parallèlement, il y a 2% moins de personnes se déclarant catholiques et 7% moins, protestantes.

Pour être méchant, je poursuivrai ainsi. L'église se démène pour tenter de prouver le mariage homosexuel comme "dévalorisant", "confus":

[...]Refuser d'établir des distinctions entre les couples hétérosexuels et les comples homosexuels entraîne la confusion, dévalorise la diversité. Pour nous, il n'est pas discriminatoire de traiter des réalités différentes de manière différente.

Quand on sait dans quelle froide uniformité le clergé a gardé la plèbe pendant toutes ces années, quand on parle du Duplessis autant que St-Thomas d'Aquin, l'hypocrisie de ce commentaire est édifiante. L'église ne nous fera pas croire qu'elle est soudainement ouverte à la diversité et que "tout le monde est bienvenu dans le royaume de Dieu". Foutaise. Pas encore.

Aussi, on se demande si par "diversité", Monseigneur Berthelet sous-entend les orientations sexuelles "particulières" des curés, particulièrement leurs penchants pour la chaire fraiche juvénile. Le refus pour l'église de condamner ses propres vices cachés et les délits sexuels de ses membres (qui sont, notez bien, criminels dans certains cas); et, parallèlement, le refus d'accepter l'homosexualité comme un phénomène social acceptable et même normal démontre d'une contradiction étonnante et d'une obstination à toute épreuve comme seule Notre Grande Église sait faire preuve.

Il y a tellement de trucs inacceptables et déformés que Monseigneur Turcotte a dit, qu'il vaut la peine de les démolir un à un. En voici un autre:

Ìl y a aujourd'hui, du côté des lesbiennes, des gens qui ont des enfants qui n'ont jamais connu de père. Quelles en seront les conséquences? Je n'en sais rien. Tout ce que je sais, c'est que j'ai lu beaucoup de traités sur la psychologie dans ma vie, et je pense que dans la société d'aujourd'hui, on reconnaît que l'absence du père est un gros problème.

Nous avons maintenant la preuve que Monseigneur Turquotte écoute des South Park en cachette. N'ayant moi-même pas connu mon père, je dois dire que je m'en porte merveilleusement bien merci, et je remercie Monseigneur de s'intéresser autant à mon bien être. Cependant, je doute que le fait de vivre dans une famille explosée où l'enfant est déchiré entre une mère et un père divorcée soit beaucoup mieux, n'est-ce pas monseigneur? Monseigneur préfère peut-être les petits jeux d'adultes où le père homosexuel se marie pour la forme mais continue sa va homosexuelle dans l'ombre?

Et voici la goutte, le summum de l'insulte à un athée et un non-pratiquant comme moi, qui voit son monde s'effondrer sous le joug des puissances religieuses et des guerres saintes depuis les millénaires:

Je ne pense pas qu'on puisse dire des couples homosexuels qu'ils apportent quelque chose d'irremplaçable à la société et qu'ils construisent la société.

J'aimerais pouvoir dire le contraire de l'Église Catholique et des religions en général: à voir comment rétrograde leur pensée s'oriente, à revoir historiquement les massacres et les infamies qu'ils ont causés, je dois affirmer que non seulement les religions en général et l'Église en particulier, n'apportent pas "quelque chose d'irremplacable à la société", mais qu'en plus, on s'en serait bien passé, pendant toutes ces années.

Re : Mgr Turcotte, les gais et l'inceste

by mathieu on 11 septembre, 2003 - 10:18Score: 0

Article avec la citation en anglais, un autre sur cbc.ca et un dernier sur 365gay.com.

C'est pas avec des commentaires idiots comme ça qu'il va me ramener à l'église. Je ne comprend pas trop le but qu'il souhaitait atteindre en disant ça, mais c'est vraiment prendre les gens pour des cons. D'ailleurs, la léglislation au niveau de l'inceste est assez claire : aux dernières nouvelles, c'est dans le code criminel!

Ah, notre belle église... on est pas sorti du Moyen-Âge.