Sachez-le, si vous vous n’êtes jamais posé la question, viril se féminise. Ce n’est pas que je trouve la féminisation du mot aberrante, et loin de là, mais elle pose quand même un problème d’interprétation à mon avis.
Petite expérience à essayer. Prenez le temps de vous asseoir avec quelqu’un du sexe opposé, ouvrez le dictionnaire et cherchez viril dans le dictionnaire. Assimilez la définition de celui-ci et posez la question suivante à votre partenaire : « Comment une femme peut-elle être virile? » La réponse vous semble sûrement très simple, mais ses portées beaucoup plus vaseuses.
Pour avoir tenté l’expérience, une question m’est soudainement venue à l’esprit : « Pourquoi associer la virilité au critère masculin? » Après tout, il n’y a pas de pendant féminin pour le même terme. Votre dictionnaire vous mentionnera sûrement impuissant ou efféminé pour antithèse, mais est-ce que l’on peut dire qu’une femme est impuissante ou efféminée? L’impuissance chez une femme n’a aucune connotation sexuelle et être efféminé pour une femme va de soi : Cela revient à dire qu’un homme est hommasse.
Une femme ne peut être qualifiée de virile sans qu’on se l’imagine très grande, musclée et portant la barbe. En fait, le sens de ce court article vise à évoquer ceci : il manque un terme pour décrire ce qui est propre à la femme. Il est possible de dire d’un homme qu’il est masculin, viril ou, à son opposé, efféminé. D’une femme, on peut dire d’elle qu’elle est féminine et, toujours à son opposé, hommasse, mais ne manque-t-il pas un autre terme pour justifier l’équité à l’intérieur même de notre langue? Allons au-delà de ces conventions sociales archaïques, ne devrions-nous pas revoir notre langue et le rôle trop souvent adulé du dictionnaire?
Il est peut-être là le problème. Je ne suis pas spécialiste en la matière, mais les langues se doivent d’évoluer avec les peuples qui les articulent. Lorsqu’un mot perd sa raison d’être, il n’est plus retransmi et il tombe dans l’oubli. Or, le dictionnaire préserve ses mots ainsi que leur sens malgré l’évolution de ceux-ci. En d’autre terme, les Québécois, Algériens ou Vietnamiens français en seraient peut-être rendus à parler un hybride de français et à l’écrire aussi. L’hégémonie du Petit Robert et du Larousse en a fait autrement et le mot viril continue de subsister.
Je parle en québécois et j’écris en français.