La position anti-décriminalisation

Soumis par anarcat le lundi, 27 octobre, 2003 - 18:38 Analyse
Contrôle socialMouvements sociaux

"It's not a war on drugs, it's a war on personal freedom, keep that in mind at all times, thank you." - Bill Hicks

Depuis l'apparition de partis comme le Bloc Pot et, plus tard, le Parti Marijuana, j'ai eu des réticences à appuyer la lutte pour la décriminalisation de la marie-jeanne. Je voyais la décriminalisation comme une étrange étape non-nécessaire vers l'objectif final, la légalisation totale de la marijuana et de ses dérivées. Ce que nous pouvons réaliser maintenant, c'est que non seulement c'est une écartement du réel objectif, mais qu'en plus la décriminalisation est en train de devenir un outil extraordinaire pour la guerre à la drogue "Made in Canada".[1]

Une flexibilité de fer

Le gouvernement fédéral a amorcé le long processus de l'élaboration d'une loi pour la décriminalisation de la possession simple. Le projet de loi est maintenant déposé aux Communes et fait l'objet de moult débats et discussions. Pendant que des formidables forces de pression s'installent maintenant autour d'Ottawa, on peut examiner un peu plus le plan du ministre de la justice Martin Cauchon. Évidemment, le projet de loi propose de décriminaliser la possession de marijuana. La possession [2] de moins de 15 grammes serait traitée comme une infraction "normale".[3] On entre alors dans un dédale de règlements et où on laisse souvent beaucoup de marge de manoeuvre aux applicateurs de la loi.

Les contraventions, donc, sont la solution miracle apportée par le ministre pour répondre aux remises en question qui travaillent la société civile depuis que cette prohibition de l'herbe existe. Message étrange, s'il en est un, où on annonce que la drogue c'est mal, mais moins qu'avant, que désormais, on peut s'allumer un pétard, mais il faut s'attendre à une contravention de 100 ou 200$. Ou est-ce que le message est que c'est seulement les riches (et donc aussi les motards) qui peuvent fumer à la face des flics? Et non seulement ça, mais ces procédures peuvent éventuellement mener aux procédures criminelles normales et à des peines d'emprisonnement d'autant plus élevées.

Alors que présentement, il y a une certaine tolérance ou au moins "omerta" par rapport à la consommation, on se retrouverait alors avec des avalanches de contraventions qui seraient distribuées allégrement par nos agents de la paix, s'évitant ainsi le fardeau d'avoir à entamer des poursuites et donc remplir de la paperasse, se présenter en Cour, et tout le tralala. En effet, la situation présente par rapport à la consommation est ambiguë: les policiers vont rarement faire des arrestations et des poursuites pour une simple possession, sauf quand ils veulent arrêter quelqu'un a priori et que la drogue se révèle un moyen d'incarcérer ou simplement de faire chier un citoyen. J'ai même été témoin d'un incident où des policiers ont carrément dérobé de l'herbe à deux citoyens sous menaces de poursuites et d'arrestation. Je crois sincèrement que ce n'est pas un cas isolé et que depuis toujours, les flics s'amusent bien avec leurs saisies non-officielles, que ce soit maintenant du pot ou de la coke, comme autant dans le temps de la prohibition, de l'alcool. Un système surprise!

En plus, les récidives pourraient mener à des peines de plus en plus sévères. C'est un article du Devoir du 17 octobre dernier qui nous apprend que "plusieurs opposants au projet de loi ont demandé que la peine devienne de plus en plus sévère pour [les récidivistes]". Une des possibilités envisagées par le ministre serait qu'après un certain nombre de récidives, les contrevenants fréquents seraient soumis au même traitement qu'avant la loi, c'est à dire poursuites judiciaires et peines de prison, le tout, en plus, selon le pouvoir discrétionnaire des policiers. Ceci sans parler des contraventions elles-mêmes qui risquent de pousser plusieurs personnes refusant ou ne pouvant payer derrière les barreaux ou avec des salées factures, simplement pour avoir fumé un joint.

Pour implanter ce système de gestion des récidivistes proposé par le Ministre, il faudra une banque de données centrale où les contraventions pourront être comptabilisées, ce qui n'est présentement pas le cas. À chaque juridiction ses contraventions: la police de Montréal a ses propres contraventions, tout comme Immigration Canada, la SQ et la GRC. Ces informations ne sont pas compilées ensemble pour en faire un dossier. C'est le dossier criminel (ou casier judiciaire) qui est l'amalgame des offenses commises, et celui-ci est je crois provincial. Pour faire les liens entre ces dossiers, il faudra créer encore un autre méga-dossier où seront répertoriées les contraventions. Ce fichier sera-t-il consultable depuis nos voisins du sud? Verra-t-on alors des citoyens refusés d'entrée aux É-U ou ailleurs à cause non pas d'un casier judiciaire mais à cause d'infractions qui sont censées être décriminalisées? L'implantation de cette mesure flouera la distinction entre casier judiciaire et les contraventions, ce qui n'est pas une mince affaire. Et qui sait, d'ailleurs, si nos amis de la Loi ne trouveront pas si commode d'avoir sous le même toît ces infractions! Un autre outil pour chasser les contrevenants, les "défaillants" de la société: ceux qui dans les manifestations ou les assemblées publiques sont ciblés pour des arrestations par les policiers. Il y a des gens dans la GRC, la SQ et le SCRS qui doivent s'amuser maintenant.

Par la bande, le gouvernement tente donc de se donner encore plus de pouvoir en nous faisant miroiter une plus grande liberté, qui s'avère elle-même être un autre carcan administratif, dès que l'on regarde de plus près. Des peines minimales pour les trafiquants et les cultivateurs sont demandées par les lobbies policiers, ceux-ci trouvant les juges un peu trop cléments. Les peines de prison pour ces "crimes" pourraient passer de 7 à 14 ans. Les lois contre la culture n'ont d'ailleurs pas de sens, si l'on remarque que le cultivateur de pot n'est pas nécessairement impliqué dans le crime organisé, un des éléments que le système judiciaire est censé combattre. Peut-être que justement, si tout le monde pouvait faire pousser cette fabuleuse plante, le crime organisé en prendrait pour son rhume. Mais alors la mission de la police et les milliards engloutis dans la lutte à la drogue ne serviraient à rien. Des escouades complètes seraient démantelées. Je me demande jusqu'à quel point la prohibition et justement le crime organisé sert la police et l'État. Comment la guerre à drogue est l'outil par excellence pour contrôler les masses, et le prétexte facile pour la création rapide d'un état policier.

Pour la légalisation

Alors que la comission LeDain, créé sous Pierre Elliot Trudeau, avait recommendé la décriminalisation et même la légalisation de toutes les drogues en 1970, l'Alliance Canadienne s'est récemment plainte aux Communes que les lois sur la marijuana ne soient passées trop rapidement, sans que l'on n'ait le temps d'examiner pleinement la question[4]. (L'Alliance ne s'est pourtant pas offensée quand le gouvernement fédéral a passé par la voie rapide les projets de lois "anti-terrorisme" détruisant encore plus les libertés individuelles, après le 11 septembre.) On sort alors le spectre de l'augmentation de la consommation et du traffic, surtout chez les enfants (!). La menace d'envenimer les relations commerciales avec les US est aussi brandie allégrement, comme si cela devrait affecter notre politique nationale, comme s'il fallait façonner nos politiques pour ne pas, surtout pas froisser les Américains, nos maîtres économiques. Des porte-paroles de l'Alliance sont même allés jusqu'à dire qu'il n'y a pas eu suffisamment de tests effectués pour vérifier les effets de la consommation.[5] Peut-être alors ces chers membres de l'Alliance pourraient alors s'y mettre, aux tests, ça mettrait de quoi dans leur pipe, littéralement. Pour ma part, j'ai vérifié, et il n'y a aucun problème avec la consommation de marijuana.

Ne soyons donc pas dupes. La décriminalisation n'est qu'une parure. L'influence américaine est trop forte à Ottawa pour qu'un tel projet de loi passe inaffecté, de toute façon. Le mieux qui pourra arriver avec cette initiative est qu'elle meure dans l'oeuf. Cela aura l'avantage de ne pas désamorcer la vague de contestation des lois courantes contre la marijuana. Ensuite on s'attaquera au vrai problème: la Loi réglementant certaines drogues et autres substances, qui rend criminelle la consommation de drogue. La légalisation est le seul combat valable contre cette chimère qu'est la guerre à la drogue. Et il ne faut pas s'attendre à ce que le gouvernement fasse le travail tout seul. Comme le documentaire Société sous Influence révèle, la guerre à la drogue est une formidable pompe à finance, c'est un outil puissant dans la lutte contre les libertés individuelles et le contrôle mondial du gouvernement américain. La police et le gouvernement ont intérêt à garder le contrôle sur la consommation le plus longtemps possible.

La vérité c'est que
C'est enfants de salaud
Ça les arrange un peu
La came, dans leurs ghettos
Ça tue surtout les pauvres
Les négros, les bandits
Ça justifie les flics
Ça fait vendre des fusils

- Adios Zapata, Renaud

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[1] Citation intéressante du ministre: "Cette loi n'a pas été rédigée en vase clos. Elle s'inscrit dans la nouvelle stratégie antidrogue du Canada."

[2] Notez bien que la consommation de marijuana n'est pas illégale. Il serait en effet difficile de contrôler la consommation et il est beaucoup plus pratique de contrôler la possession, où les preuves matérielles ne manquent pas.

[3] Notez bien, cependant, que le gouvernement fédéral se garde bien de dire que la marijuana devient légale. Comme le ministre lui-même le dit, d'ailleurs: "Une chose doit être claire dès le départ: il n'a jamais été question de légaliser et nous ne sommes pas en train de légaliser la marijuana. La marijuana reste une substance illégale et les contrevenants seront toujours punis par la loi. Ce que nous modifions, ce sont les modalités de poursuites pour certaines infractions en introduisant de nouvelles peines et des procédures alternatives.", voir La transcription d'un discours du ministre.

[4] Une autre transcription: "J'ai plusieurs préoccupations relativement à ce projet de loi et à la façon dont le gouvernement s'y prend pour accélérer le processus, notamment sur la décriminalisation d'une quantité donnée de marijuana ainsi que sur les peines assorties aux diverses infractions. Je me pose aussi certaines questions logistiques quant à l'application de la nouvelle mesure, et je crois que ces questions nécessitent des réponses avant que celle-ci soit adoptée."

[5] Pour tous les détails morbides, veuillez voir encore une autre transcription.

Re : La position anti-décriminalisation

by mathieu on 29 novembre, 2003 - 17:44Score: 3

Le Bloc Pot vient d'ouvrir son café politique, rue Rachel, la consommation de marijuana sera tolérée : article de La Presse, celui de CBC.

On va voir où en est rendu l'imaginaire collectif... mais de ce que j'ai vu, en dehors de l'imbécile qui sévit sur TQS le midi et du conseiller municipal du coin, Nicolas Tétrault, ça n'a pas l'air d'émouvoir beaucoup de gens. Semblerait que la police ait déjà arrêté deux clients. Faut dire que question "imaginaire", faut pas trop se fier sur la police "je-ne-pense-pas-pendant-les-heures-de-travail" de Montréal.

En ce qui me concerne, c'est sur le chemin de la job...

Allez lire ces citations sur le site de CBC. La dernière, de Martin Cauchon (ministre de la Justice à ce moment), est particulièrement claire :

"I'm 39 years old… and, yes, of course I tried it before, I mean obviously."

Obviously.

 

mise à jour

by anarcat on 2 décembre, 2003 - 18:48Score: 1

C'est en fait 3 arrestions qui se sont produites le 29 novembre, les policiers ayant arrêté une autre personne pour possession de cannabis à 18:00.

Le café a fait pause hier, mais a ré-ouvert aujourd'hui, et encore aujourd'hui, les forces désespérées de la répression ont appliqué leur cuisine habituelle: 2 autres arrestations, pour possession, encore. Le Bloc Pot a affirmé qu'il aidera les victimes dans leur défense légale.

Notons enfin que la ville planifie maintenant la démolition du bâtiment dans lequel le café se trouve. Le chef du parti marijuana trouve suspecte la vitesse avec laquelle l'avis a été donné et les délais dans lesquels ils doivent quitter le bâtiment (10 jours).

Source: Radio-Canada.ca

Re : La position anti-décriminalisation

by tatien on 12 novembre, 2003 - 01:27Score: 1

Il me semble que tu y vas un peu fort. Moi aussi, la décriminalisation m'est longtemps apparue comme une étape non-nécessaire et stupide. Mais le problème c'est que dans la tête de ben du monde, c'est déjà un grand pas. Et puis, il est temps que ça se fasse, simplement parce que 55% des canadiens considèrent que le fait de fumer du pot ne devrait pas être considéré comme un crime.

Je pense que beaucoup font le raisonnement suivant : c'est pas un crime, mais en même temps on veut pas non plus dire "OK, allez-y, fumez de l'herbe!" Une analogie: la vitesse en voiture. Les gens ne veulent pas que t'ailles un dossier parce que t'as roulé à 140 km/h sur l'autoroute. Par contre, ils veulent pas non plus qu'on dise aux automobilistes: "Allez-y, roulez à la vitesse que vous voulez!"

Moi, je trouve ça un peu stupide. Parce que je me dit que les gens, après tout, devraient être assez intelligents pour savoir que c'est épais de rouler à 180 km/h sur les routes du Québec avec une vieille minoune. Mais d'un autre côté, peut-être que si tu peux éviter la mort à un certain nombre moyen de personnes par années en donnant des contraventions aux twits qui se prennent pour Jacques Villeneuve, hé bien, je pense que ça vaut la peine.

Voila pour l'imaginaire collectif. Maintenant, la réalité, c'est que fumer du pot, c'est pas comme rouler à une vitesse supraluminique sur la 20 à l'heure de pointe. C'est même moins pire que fumer de la cigarette. Et posséder du pot, c'est encore moins dommageable. En tout cas, le problème, c'est que les gens le savent pas. Ils pensent encore que c'est dangereux. Ils ne savent pas que c'est maintenant démontré que c'est moins dangereux que ben d'autres affaires (la cigarette, l'alcool et Jean Charest par exemple).

Donc, à mon avis, bien que - si tout le monde était bien informé - on devrait passer à la légalisation tout de suite, la décriminalisation va avoir pour effet - à mon avis - de pousser l'imaginaire collectif dans la bonne direction. En effet, les gens vont vite se rendre compte qu'une fois qu'au lendemain d'une décriminalisation, pas grand chose ne va changer, il n'y aura pas un grand cataclysme, les vaches ne se metteront pas à donner du lait caillé pis les saisons vont rester pareilles comme avant[1]

Et puis après, on pourra commencer à parler de légalisation.

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[1] Mauvais exemple, les saisons...

 

la décriminalisation

by anarcat on 12 novembre, 2003 - 10:18Score: 1

Le voilà le problème justement:

le problème c'est que dans la tête de ben du monde, c'est déjà un grand pas. Et puis, il est temps que ça se fasse, simplement parce que 55% des canadiens considèrent que le fait de fumer du pot ne devrait pas être considéré comme un crime.

Et on est en train de passer une loi qui subtilement conserve et même aggrave la "criminalité" de la possession et de la vente. Les petites quantités seront traitées comme des offenses mineures, d'accord, mais sous discrétion des policiers!. C'est simplement inacceptable! On va faire croire au monde qu'ils auront pas de dossier alors que ça va être vrai juste pour "ceux qui n'ont rien à se reprocher". On sait très bien que c'est pas grand monde ça. On sait aussi ce que ça peut être "quelquechose à se reprocher": manifs, organisations étudiantes/anticapitalistes, le pot est depuis longtemps un outil puissant pour envoyer derrière les barreaux et se débarasser des troubles-fêtes.

Mon problème avec la décriminalisation est que ça va à l'encontre des objectifs que cela prétend atteindre. On veut déjudiciariser le tout mais on laisse les offenses comme criminelles. On veut être à l'écoute de la population, mais on va lui donner des tickets parce qu'elle sort son char. On lui dit que c'est une décriminalisation alors que le code criminel en demeurerait pratiquement inchangé et que les peines seraient encore pires. C'est du "double-speak" digne de 1984.

(Grosse parenthèse: j'ai des gros problèmes avec les comparaisons avec le code de la route, même les politiciens évitent de les faire maintenant. Les comportements routiers ont ou peuvent avoir des conséquences physiques directes sur les autres citoyens, et peut-être que justement, il devrait avoir des peines criminelles pour les crisse de chauffards qui mettent la vies des autres et la leur en danger. En comparaison, la consommation de pot n'a pas d'effets néfastes directs, si ce n'est la commandite d'un système mafieux, qui est créé par la prohibition.)

Deuxième problème:

Donc, à mon avis, bien que - si tout le monde était bien informé - on devrait passer à la légalisation tout de suite, la décriminalisation va avoir pour effet - à mon avis - de pousser l'imaginaire collectif dans la bonne direction.

Voilà autre chose: les gens sont mal informés. Pourquoi? C'est parce notre gouvernement n'a pas le culot de prendre position et de faire des études claires sur le sujet. Il évacue les conclusions des études et commissions sénatoriales pour ne pas déplar à nos puissants voisins paranoïaques. Et ces mêmes voisins ont monté de toutes pièces des études bidons pour montrer que la mari était la pire chose depuis le cyanure (j'en rajoute, mais le film "Grass" documente assez bien cette histoire). L'imaginaire collectif est constamment poussé à croire que "la drogue c'est mal" et en tire souvent la conclusion que "les drogués, c'est le mal". Crisse! On est en guerre à la drogue! Comme dit Bill Hicks, ça veut dire qu'il y a des gens qui prennent de la drogue, qu'on est en train de se battre avec eux, et qu'ils gagnent!!!

Soudainement, l'ennemi ultime (ou presque, après les méchants terroristes) devient moins ultime et un peu moins ennemi: on va donner des tickets. Quelle mesure en apparence innoffensive! Quelle humanité! Mais quand on regarde de plus près, on réalise que les administrateurs font ça pour sauver du pognon, pour faciliter le travail des policiers. On augmente les peines pour traffic, culture et compagnie! On demande des sentences minimales! Le message a en apparence l'air innoffensif, mais la vérité c'est qu'il est tiré d'un arc porté par un chasseur expérimenté, et qu'il va toucher notre talon d'achille: non seulement la récupération d'une lutte sociale au niveau juridique, pour la vider de tout son sens et faire taire les grandes gueules (oui, comme moi), mais aussi la criminalisation des vendeurs. Comment est-ce que le monde est censé fumer du pot s'ils ne peuvent pas en acheter, en vendre et surtout en faire pousser? La réponse du gouvernement est claire, selon moi: tu fais pas ça. Drugs are bad. Don't do drugs.

Une autre perle de Bill Hicks, pour terminer mon "chiâlage":

It's interesting to see that the two trugs that are legal (alcohol and cigarettes) do absolutely nothing for you whatsoever, and that two drugs that grow naturally on the planet, drugs that open your eyes up and make you realise you're being fucked every day of your life, those drugs are against the law. Coincidence?
Marijuana grows naturally on the planet, it's against the law.
Mushrooms grows naturally on the planet, it's against the law.
Don't you think making nature against the law is a bit... unnatural?

 

Re : la décriminalisation

by tatien on 13 novembre, 2003 - 13:36Score: 3

On veut déjudiciariser le tout mais on laisse les offenses comme criminelles.

Mais justement, il me semble que ça n'invalide pas l'idée de la décriminalisation, au contraire. Au diable! ces faiseux de lois qui veulent coller des contraventions à qui mieux-mieux! Il faudra les dénoncer, il faudra continuer la lutte. Il faudra faire part aux gens des abus, leur dire : "Regardez, vous êtes d'accord avec la décriminalisation et c'est pire qu'avant! De pauvres gens se font taxer 200$ parce qu'ils fument une substance moins dommageable que l'alcool et la cigarette!"

L'imaginaire collectif est constamment poussé à croire que "la drogue c'est mal" et en tire souvent la conclusion que "les drogués, c'est le mal".

Comment expliques-tu alors ce 55% de personnes en faveur de la décrim' (et je ne parle pas de ceux en faveur de l'usage pour des raisons thérapeutiques)? Moi, je pense simplement que les gens sont habitués à voir des gens prendre des drogues douces. J'ai lu quelque part qu'une forte majorité de canadiens en a déjà pris ou connaît qqn qui en prend (à retrouver, mais ça "fite" avec le 55%). En gros: quand les gens sont habitués à une réalité, ils l'acceptent. Surtout qu'ils constatent bien que les drogues douces n'ont jamais tué personne (qui a déjà entendu parler d'une overdose de mari???) alors ils ont leurs propres conclusions.

Les médias utilisent le jeu du "gros bon sens", mais la culture joue un grand rôle également. Le problème aux États-Unis, à mon sens, est justement que dans plusieurs milieux, qqn qui fume est vu comme un dangereux (futur) criminel.

 

ouais

by anarcat on 13 novembre, 2003 - 14:41Score: 0

Tu as raison: l'imaginaire collectif, ou la culture, est en progression dans la bonne direction. J'avoue que je fais probablement fausse route à ce niveau, du moins en ce qui nous concerne, au Canada. Mais il faut faire attention, quand on parle au niveau global et légal car notre voisin est puissant et fait des pressions pour renverser la vapeur ici.

Par contre, je dois souligner à nouveau mon désaccord: la décriminalisation est tout à fait inutile. Comment pourra-t-on dénoncer une mesure en apparence si laxiste et permissive?! On se fait carrément glisser le tapis de sous les pieds. "Regardez! Vous êtes en accord avec la décrim. et c'est pire qu'avant!" La réponse sera probablement: "Vous avez raison, retour à la prohibition!"