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Le 14 février 2004
MONTRÉAL--L’Opération « Pepto-bismol SVP! » que le collectif des Panthères roses avait préparé pour dénoncer la Saint-Valentin ultra-commerciale s’est déroulée comme prévu en fin d'après-midi dans le Village gai. Après s’être appliqué à vomir dans les magasins, bars et restaurants des hommes d’affaires gais les plus prospères du village, les membres de ce groupe queer radical ont inondé le secteur de faux coupons-rabais, symbolisant le règne du dollar rose et la mise au pas des gais et lesbiennes dans la société actuelle.
Avant de vomir sur le plancher du magasin Priape, Amélia qui est membre des Panthères roses avoua que la tempête publicitaire qui était faite autour de la St-Valentin, et des autres grandes fêtes annuelles, lui levait le cœur royalement : « Les industries me font sentir super «cheap» si j’exprime mon amour à ma copine d’une autre façon qu’en lui achetant un cossin quelconque. Ça nous dégoûte tellement tout ça que cette année, va vraiment falloir s’offrir du Pepto-bismol à la place ».
Avant de vomir sur le plancher du magasin Wegavideo, un autre membre des Panthères roses révéla que la chose qui l’enrageait le plus était l’appropriation, par les gros marchands, des sentiments tels que l’amour et la liberté, qui appartiennent depuis toujours à tout le monde et n’auraient jamais dû devenir conditionnels au geste de consommer. Toujours selon lui, les multinationales et autres profiteurs de la St-Valentin mènent des activités dont la nature même (compétitivité, compression des salaires, pompage des ressources naturelles) n’aurait rien à voir avec l’amour de l’autre, mais bien plus avec l’amour maladif de soi, contraire justement à l'esprit saint-valentien.
Après avoir vomi elle aussi et pendant qu’elle
distribuait ses coupons-rabais à l’apparence d’un dollar rose, une des activistes confia que le puissant mal de cœur qui l’affligeait provenait plutôt de la nouvelle élite gaie, qui s’en mettait plein les poches tout en brandissant fièrement sa mission communautaire… Plus à un paradoxe près, ces hommes d’affaires se feraient même les meneurs énergiques de l’émancipation, alors même que leur pouvoir phallocrate tend à exclure toute personne qui ne serait pas un homme de couleur blanche…
Pour toutes ces raisons, les Panthères roses vous en supplient: faites-les boire du Pepto-bismol!
Vive la St-Valentin... sans achat!
Vive l’émancipation gaie... sans achat!
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Le collectif des Panthères roses est un groupe de queers radicaux implanté à Montréal, qui utilise l’action directe et créative pour confronter l’ordre établi.