Voter c'est important. C'est du moins ce que l'on enseigne à l'école et c'est ce que mes parents m'ont toujours dit.
Mais aujourd'hui, moi Mathieu 26 ans, je me retrouve devant une autre campagne électorale insipide et je suis encore une fois confronté à un paradoxe. La présente campagne électorale présente un gros problème. La grande valeur morale de mon vote est annulée par l'absence totale de valeur des choix qui me sont offerts.
Selon Paul Martin, un vote pour le Bloc est un vote qui aide les Conservateurs. Bien que je n'accorde pas une crédibilité fracassante à Paul Martin, je dois dire que notre système électoral lui donne raison. Je ne veux pas voter Conservateur et donc, je ne vote pas Bloc (ce qui n'était pas dans mes intentions de toute manière).
La question du NPD est intéressante. Je suis d'accord avec les principes généraux du NPD, mais ma circonscription est un bastion libéral ("défendu" par nul autre que l'apôtre néo-libéral Pierre S. Pettigrew) dans lequel voter néo-démocrate revient à "perdre son vote", comme je me le suis déjà fait dire.
Et non, voter libéral n'est pas une option.
Un gouvernement minoritaire est la meilleure chose qui puisse arriver au Canada d'ici à ce qu'un système électoral proportionnel soit mis en place, qu'on élimine la "ligne de parti" et que la corruption ambiante ne soit plus tolérée. Adios Paul Martin, donc.
Il m'est impossible de voter aux prochaines élections et d'avoir le sentiment que mon opinion soit prise en compte. Annuler mon vote, voter néo-démocrate, voter pour un parti "minoritaire" (s'il y de tels candidats dans ma circonscription), c'est du pareil au même. J'en viens à me demander si le fait même d'aller voter est un cautionnement de cette routine que je commence à détester. Peut-être devrais-je rester chez moi le 28 juin. Je pourrais le faire si je ne pensais pas qu'il soit possible pour quelqu'un d'autre d'aller voter à ma place dans ce cas-là.
Depuis que Kim Campbell a augmenté le dépot nécessaire pour présenter un candidat de 500$ à 1000$ (je ne suis pas certain des montants), la politique canadienne est encore plus insipide qu'elle ne l'était. Au moins elle n'a pas été réélue après avoir accompli cet acte hautement anti-démocratique. C'est difficile de ne pas être sarcastique quand on voit que la politique veut encore être réservée aux riches, alors qu'une société "libre" et "démocratique" devrait au moins tendre vers le contraire!
Je veux que ça soit clair, non, je ne veux pas former de parti politique (même si j'avais l'argent pour le faire). Je ne crois pas aux partis politiques. Je veux un gouvernement de coalition, je veux des discussions publiques, je veux des votes libres (à mort la ligne de parti!). Je crois que la véritable démocratie n'est pas un accord passif de la minorité à accepter la décision de la majorité. La démocratie est dans la discussion publique, là où tous les citoyens sont égaux et acceptent d'être confrontés à des opinions différentes. C'est dans cette discussion que la démocratie prend sa source.
Il ne faut pas confondre les élections avec la démocratie. La démocratie est un trésor inestimable, mais force est de constater qu'elle n'est pas encore tout à fait en place ici.
Les élections passent et me découragent un peu plus à chaque fois.
En attendant que ça vaille vraiment la peine de discuter, que la politique puisse aussi se permettre d'exprimer des doutes et que les élections ne soit pas limitées à chercher le meilleur "leader" (avez-vous remarqué combien ce mot anglais qui ne se met pas au féminin est commode pour élire un riche homme blanc?), d'ici à ce que je puisse voter pour autre chose que la plus belle cravate du débat télévisé (en attendant la révolution quoi!), je retourne chanter avec Leonard Cohen...
Everybody knows the dice are loaded. Everybody rolls with their fingers crossed. Everybody knows the war is over. Everybody knows the good guys lost. Everybody knows the fight was fixed: the poor stay poor and the rich get rich. That's how it goes. Everybody knows.
Si la société d'aujourd'hui est complexe, les problèmes qu'elle pose le sont aussi. Il n'est pas possible de trouver quelqu'un qui (magiquement?) connait toutes les solutions. Ce qu'il faut, c'est des gens qui sont capables de bien comprendre les problèmes. Les solutions doivent être décidées par la communauté.
Ce rêve est pour moi la seule manière de m'extraire du paradoxe de nos élections.
Les solutions qui "tombent du ciel" s'écrasent par terre, et les gens qui les recoivent sur la tête aussi.