La valeur du vote : il ne faut pas confondre les élections et la démocratie

Soumis par mathieu le mardi, 1 juin, 2004 - 13:02 Remarque
Politique nationale

Voter c'est important. C'est du moins ce que l'on enseigne à l'école et c'est ce que mes parents m'ont toujours dit.

Mais aujourd'hui, moi Mathieu 26 ans, je me retrouve devant une autre campagne électorale insipide et je suis encore une fois confronté à un paradoxe. La présente campagne électorale présente un gros problème. La grande valeur morale de mon vote est annulée par l'absence totale de valeur des choix qui me sont offerts.

Selon Paul Martin, un vote pour le Bloc est un vote qui aide les Conservateurs. Bien que je n'accorde pas une crédibilité fracassante à Paul Martin, je dois dire que notre système électoral lui donne raison. Je ne veux pas voter Conservateur et donc, je ne vote pas Bloc (ce qui n'était pas dans mes intentions de toute manière).

La question du NPD est intéressante. Je suis d'accord avec les principes généraux du NPD, mais ma circonscription est un bastion libéral ("défendu" par nul autre que l'apôtre néo-libéral Pierre S. Pettigrew) dans lequel voter néo-démocrate revient à "perdre son vote", comme je me le suis déjà fait dire.

Et non, voter libéral n'est pas une option.

Un gouvernement minoritaire est la meilleure chose qui puisse arriver au Canada d'ici à ce qu'un système électoral proportionnel soit mis en place, qu'on élimine la "ligne de parti" et que la corruption ambiante ne soit plus tolérée. Adios Paul Martin, donc.

Il m'est impossible de voter aux prochaines élections et d'avoir le sentiment que mon opinion soit prise en compte. Annuler mon vote, voter néo-démocrate, voter pour un parti "minoritaire" (s'il y de tels candidats dans ma circonscription), c'est du pareil au même. J'en viens à me demander si le fait même d'aller voter est un cautionnement de cette routine que je commence à détester. Peut-être devrais-je rester chez moi le 28 juin. Je pourrais le faire si je ne pensais pas qu'il soit possible pour quelqu'un d'autre d'aller voter à ma place dans ce cas-là.

Depuis que Kim Campbell a augmenté le dépot nécessaire pour présenter un candidat de 500$ à 1000$ (je ne suis pas certain des montants), la politique canadienne est encore plus insipide qu'elle ne l'était. Au moins elle n'a pas été réélue après avoir accompli cet acte hautement anti-démocratique. C'est difficile de ne pas être sarcastique quand on voit que la politique veut encore être réservée aux riches, alors qu'une société "libre" et "démocratique" devrait au moins tendre vers le contraire!

Je veux que ça soit clair, non, je ne veux pas former de parti politique (même si j'avais l'argent pour le faire). Je ne crois pas aux partis politiques. Je veux un gouvernement de coalition, je veux des discussions publiques, je veux des votes libres (à mort la ligne de parti!). Je crois que la véritable démocratie n'est pas un accord passif de la minorité à accepter la décision de la majorité. La démocratie est dans la discussion publique, là où tous les citoyens sont égaux et acceptent d'être confrontés à des opinions différentes. C'est dans cette discussion que la démocratie prend sa source.

Il ne faut pas confondre les élections avec la démocratie. La démocratie est un trésor inestimable, mais force est de constater qu'elle n'est pas encore tout à fait en place ici.

Les élections passent et me découragent un peu plus à chaque fois.

En attendant que ça vaille vraiment la peine de discuter, que la politique puisse aussi se permettre d'exprimer des doutes et que les élections ne soit pas limitées à chercher le meilleur "leader" (avez-vous remarqué combien ce mot anglais qui ne se met pas au féminin est commode pour élire un riche homme blanc?), d'ici à ce que je puisse voter pour autre chose que la plus belle cravate du débat télévisé (en attendant la révolution quoi!), je retourne chanter avec Leonard Cohen...

Everybody knows the dice are loaded. Everybody rolls with their fingers crossed. Everybody knows the war is over. Everybody knows the good guys lost. Everybody knows the fight was fixed: the poor stay poor and the rich get rich. That's how it goes. Everybody knows.

Si la société d'aujourd'hui est complexe, les problèmes qu'elle pose le sont aussi. Il n'est pas possible de trouver quelqu'un qui (magiquement?) connait toutes les solutions. Ce qu'il faut, c'est des gens qui sont capables de bien comprendre les problèmes. Les solutions doivent être décidées par la communauté.

Ce rêve est pour moi la seule manière de m'extraire du paradoxe de nos élections.

Les solutions qui "tombent du ciel" s'écrasent par terre, et les gens qui les recoivent sur la tête aussi.

La valeur du vote : 1,75$

by Space Roger on 6 août, 2004 - 13:18Score: 2

Je suis tout à fait d'accord avec ta position sur le choix des partis aux dernières élections. Je me suis moi-même trouvé dans une position très semblable.

Le parti qui était le plus près de faire la différence selon moi était le NPD (compte tenu des intentions de vote des Canadiens et de la possibilité des faire élire des candidats autre que les principaux partis, Libéraux, Conservateurs ou Bloc). Malheureusement, ma circonscription est assurée au Bloc, et je n'avais pas l'intention d'ajouter ma voix à tout ceux qui ont voté pour eux. Je me suis donc retrouvé avec un problème: « Comment faire valoir mon opinion tout en étant certain de ne pas perdre mon temps et mon vote? ».

J'ai donc été très content d'apprendre que maintenant non seulement le vote a une valeur démocratique, mais aussi une valeur monétaire! En effet, chaque vote rapporte maintenant 1,75$ par année au parti dès qu'il atteint certaines conditions de base. J'ai misé à long terme, et je me suis dis que tant qu'à noyer mon vote dans la mer, j'allais aider quelqu'un. J'ai voté Vert pour leur apporter mon soutiens. Grâce à moi et aux 580 815 autres électeurs qui ont voté pour eux, le parti Vert pourra être plus fort dans quatre ans avec beaucoup, beaucoup plus de budget pour se préparer aux élections. Avec un peu de chance ils seront asser fort pour ajouter une voix aux débats de campagne électoral.

Quelques jours plus tard, je suis tombé sur cet article du Devoir: « Financement des partis - Les verts touchent le million », très satisfait de voir que ma stratégie a porté fruit.

Est-ce que la « récompense » du vote est une bonne idée? Monnayer le soutient des électeurs me semble une drôle de façon de procéder en réalité. C'est étrangement "basic" et à bien y penser ça fais que ce sont maintenant mes impôts qui financent les partis! J'ai donc, par la bande, donné beaucoup plus d'argent aux Libéraux et au Conservateurs qu'aux Verts ou même au NPD. Mais étant donnée que le système est là, je doit vivre avec, aussi bien en tenir compte dans mes calculs. Tant que les élections ne seront pas proportionnelles au Canada ou que je n'ai pas de chance d'élire un débuté alternatif, j'ai bien peur de devoir continuer avec cette stratégie.

 

Re: La valeur du vote : 1,75$

by tatien on 10 août, 2004 - 12:47Score: 1

Y a une chose très paradoxale quand on y pense un peu. Ça devient avantageux de voter pour le parti Vert parce que ça va leur permettre de se faire de la pub, bref, de "mettre en marché" leurs idées. Ça en dit long sur la façon dont se pratique la démocratie.

On se demande, au bout du compte, ce qui est vraiment important: (a) les idées -- i.e., les programmes de partis -- ou (b) leur mise en marché. Je pense que les politiciens ont compris depuis longtemps que c'est (b), la réponse...

Re: La valeur du vote : il ne faut pas confondre les élections e

by chuck on 2 juin, 2004 - 13:39Score: 1

Tu est comme le petit garçon de l'histoire :

Le petit David est en 5ème année. Un jour, le professeur demande aux élèves de venir en avant et d'expliquer le travail de leur père.



Il y a toutes sortes de réponses typiques comme pompier, policier, vendeur, etc.



David était étrangement silencieux dans le fond de la classe et semblait éviter le regard du professeur, quand celui-ci lui demanda finalement de parler du métier de son père.

Après plusieurs longues secondes de silence, David se lève enfin pousse un long soupir, il explique:



" - Mon père est un danseur exotique dans un cabaret gai, et enlève tous ses vêtements devant des hommes. Quelquefois, il se fait offrir de s'isoler avec un monsieur, et fera du sexe avec lui pour de l'argent..."



Le professeur, complètement assommé par ces révélations, envoie sur-le-champ les autres élèves en récréation à l'extérieur, et garde le petit David pour lui demander:



" - David, est-ce que c'est bien vrai pour ton père????" " - Bien sûr que non... Il travaille pour le Parti Libéral du Canada, mais j'étais beaucoup trop embarrassé et gêné de l'avouer devant les autres."