Discrimination dans le logement à Montréal

Soumis par louis lessard le jeudi, 1 juillet, 2004 - 14:13 Analyse
Divers

Loin de la célébration de la fête du Canada, Mme Marie Antoine Nonez se balance sur une chaise berçante au rythme de ses pensées. Son regard ardent laisse pressentir ses pensées âcres. Pour cette Québécoise sexagénaire d’origine haïtienne qui habite Montréal depuis 30 ans, comme pour plusieurs Antillais et Africains, le premier juillet évoque un état d’insécurité et de tensions liés à la recherche de logement.

De sa chaise immobile l’espace d’une pensée, Mme Nonez, tête entre les mains, réfléchit à tous ces montréalais à la peau noire qui sillonnent les artères de la métropole en pleine recherche de logement. Ce «grand calvaire» auquel correspond la recherche d’un domicile pour un citoyen d’une minorité visible, Mme Nonez l’a vécu toute sa vie «Il y a rien d’exceptionnel, ça arrive à tous les noirs, tous les noirs, si un noir vous dit qu’il n’a jamais eu de problème c’est qu’il vous ment», dit-elle le regard figé.

À cause de son accent haïtien bien senti, cette ex-professeure de niveau collégial s’est résignée plus d’une fois à faire appel aux services d’un agent immobilier pour réussir à louer un logement pour elle et ses enfants. L’octroi de l’équivalent d’un mois de loyer à un agent d’immeuble anonyme, elle aurait bien voulu l’éviter, mais avec son accent prononcé, la procédure de recherche de logement s’endigue toujours au stade de l’appel téléphonique. Même avec l’aide d’un intermédiaire, le fait de signer n’est pas nécessairement gage de succès. Une fois installée, certains voisins refusant toujours de lui parler, elle s’est retrouvée ostracisée dans son propre quartier. «Personne ne voulait me parler et mes enfants ne pouvaient pas jouer avec les autres enfants, leur parents leur interdisaient», dit-elle, penchant sa chaise vers l’avant.

Cette technique de recherche d’appartement par représentation interposée, une grande partie des membres de l’Association des retraités haïtiens du Québec affirme l’avoir utilisée. M. Gabrielle Gervais, agent d’immeuble chez Location sympathique, confirme: «il nous arrive de se faire demander de visiter un logement surtout par des montréalais noirs, pris en défaut par leur couleur ou leur accent ils se font dire “C’est déjà loué!” avant même qu’ils commencent à parler».

Loin de s’essouffler, la vague de méfiance face aux locataires noirs déferle encore cette année sur la métropole. En 2003, c’est plus de 20% des plaintes répertoriées en matière de logements qui concernaient la discrimination liée à la couleur et à l’origine ethnique. «Dans le secteur du logement, c’est un motif de discrimination important si l’on compare à d’autres comme l’orientation sexuelle (2.6 %), la religion (7.1 %) ou le fait qu’un locataire ait des antécédents judiciaires (0.6 %)», assure Claude Lortie, agent d’information pour la Commission des droits de la personne.

M. Lortie considère également que la discrimination sur l’île de Montréal fait ressortir une stigmatisation bien ancrée dans l’imaginaire collectif. «Les gens sont désinformés et ne se sentent pas à l’aise avec l’idée de faire complètement confiance à un noir. L’attitude des propriétaires dans le secteur du logement dépeint cet état de méfiance». «J’aurais peur qu’ils dérangent les voisins avec leur nourriture qui sent fort», affirme un propriétaire de la rue Drolet, qui a voulu garder l’anonymat. «Je veux être sûr d’être payé, donc je ne veux pas louer à un Noir» s’empresse-t-il d'ajouter. Pourtant, statistiquement, selon la Régie du logement, les revenus perdus pour non paiement de loyer correspondent à 1,2% de l’ensemble des revenus des propriétaires, les Noirs comme les Blancs étant responsables de manière équivalente de ces pertes dérisoires.

La discrimination en matière de logement locatif chez les Noirs sert aussi les intérêts de certains propriétaires. Dans le «Rapport sur la différence et l’accès des minorités au logement à Montréal», la chercheure en matière de discrimination de la Commission des droits des personnes, Mme Alberte Ledoyen note: «la discrimination des Noirs a une double fonction. D’un côté, elle justifie le refus de louer, mais de l’autre elle justifie le recrutement de locataires noirs dans des logements que les propriétaires ne veulent pas nécessairement entretenir». C’est ainsi que dans certains quartiers de Montréal, les locataires se refusent à toutes critiques ouvertes par crainte de voir s’ouvrir la porte de l’éviction. Originaire du Sénégal, Amédée Diouf en sait quelque chose. «Ma porte verrouille mal, sans parler des coquerelles et de la moisissure, confie-t-il sur le ton du secret dans le local du Comité Logement de Côte-des-Neiges, comme s’il craignait de se voir montrer la porte. En ce moment, rechercher un logement, c’est un calvaire. Comme je ne veux pas revivre cela, je ne fais pas trop de vagues...»

Cette année, l’augmentation des loyers et le taux d’inoccupation de 1,1% laisseront encore sans aucun doute des milliers de personne à la rue au premier juillet, assure Denis Lévesque du Projet Genèse, un organisme qui aide les nouveaux arrivants à connaître leurs droits en matière de logement. «En période de crise du logement, la discrimination est amplifiée dans la mesure où les propriétaires peuvent être plus sélectifs et tombent dans la généralisation simpliste et facile». Ils se refusent donc de louer à des noirs parce qu’ils croient ne pas pouvoir être payés ou alors, « dans certains cas, quand les propriétaires octroient un logement à un locataire Africain ou Antillais, ils leur donnent l’impression que c’est une faveur.»

Piste de solution, un vaste mouvement communautaire tente de forcer la Régie du logement à élargir son champ de compétences au secteur inhérent à la recherche de logement. A l’heure actuelle, celle-ci n’intervient pas dans ce qui advient avant la signature du bail.

Certains audacieux relèvent le défi à leur façon. Armand Épé, ce néo-québécois d’origine camerounaise a pris, lui, les grands moyens pour modifier les préjugés du concierge de l’établissement où il est aménagé. Un souper camerounais, une invitation à découvrir la musique camerounaise et plusieurs discussions en sont finalement venu à bout. Grâce à l’attitude du Camerounais, le concierge loge maintenant plusieurs Africains et Antillais. Pour M. Épé, c’est dans la déconstruction active des préjugés que réside un vivre-ensemble viable: «il faut que les gouvernements bougent en ce sens mais nous devons montrer le chemin déjà entre voisins». M. Épé appelle tous les Québécois de toutes origines à adopter le mode actif en matière de sensibilisation «parce que cette situation est intolérable en 2004», ont déploré conjointement le néo-québécois et le concierge de l’établissement.

Re: Discrimination dans le logement à Montréal

by fpieraut on 2 juillet, 2004 - 21:08Score: 1

Extrait:[Comme pour plusieurs Antillais et Africains, le premier juillet évoque un état d’insécurité et de tensions liés à la recherche de logement].

Je ne peux cacher mon découragement face aux idées véhiculées dans cet article. Je m'explique: en lisant ce texte, on a l'impression que seul les noirs sont affectés par la crise du logement et que l'on vie dans une société retardée.

Rectification des faits: Au Québec, on est dans l'une des sociétés les plus tolérante et ou les immigrants subissent le moins de discrimination. Certes, la discrimination raciale existe encore mais la crise du logement touche tout le monde: ce qui inclus les blancs francophones et anglophone de Montréal et pas seulement les noirs.

Extrait:[Une fois installée, certains voisins refusant toujours de lui parler, elle s’est retrouvée ostracisée dans son propre quartier. Une fois installée, certains voisins refusant toujours de lui parler, elle s’est retrouvée ostracisée dans son propre quartier. «Personne ne voulait me parler et mes enfants ne pouvaient pas jouer avec les autres enfants, leur parents leur interdisaient», dit-elle, penchant sa chaise vers l’avant. .... À cause de son accent haïtien bien senti, cette ex-professeure ]

Qui est cette femme? Dans quel quartier vit-elle? En tout cas, ce n’est pas dans mon quartier à côte des neiges, ou les québécois sont la minorité visible. J'ai immigré en 1985 et j'ai été au collège français et les classes étaient multiethniques et tout le monde jouait ensemble. Cette femme a été traumatisée une fois dans sa vie par ce qu'un abruti lui a fait une réflexion sur sa couleur et maintenant elle voit de la discrimination partout. À Montréal, on est soit juif, noir, arabe, français, indien, chinois, réfugié politique, américain, musulman, rwandais, haïtien etc.

Extrait:[«Je veux être sûr d’être payé, donc je ne veux pas louer à un Noir»]

Alors là bravos ! Comment peut-on arrivé à une généralité avec un seul exemple. Voici un contre exemple: Moi, Francis Pieraut suis revenu de voyage avec ma copine en novembre 2000 et cherchions un appartement. Ma blonde n'avait pas encore trouvé un travail et j'allais commencer ma maîtrise. On était blanc, francophone et éduqué et certains propriétaires ne voulaient pas nous louer leur logement car nous n'avions pas de revenu; comment pouvait-on assurer de pouvoir payer le loyer?. Arrêté de vous apitoyer sur votre sort, on est tous dans le même bateau !]

Extrait:[C’est ainsi que dans certains quartiers de Montréal, les locataires se refusent à toutes critiques ouvertes par crainte de voir s’ouvrir la porte de l’éviction.]

Wow!! Au Québec, on ne peut chasser quelqu'un facilement de son logement. La régie du logement est là pour ça et défend bien les gens qui se retrouvent dans de tels situations. J'ai l'impression quand je lis ca qu'on me parle d'une autre planète.

Extrait:[M. Épé appelle tous les Québécois de toutes origines à adopter le mode actif en matière de sensibilisation «parce que cette situation est intolérable en 2004», ont déploré conjointement le néo-québécois et le concierge de l’établissement.]

Enfin quelque chose d'encourageant. Le gouvernement ne peut pas tout faire et les gens et ceux-ci doivent se prendre en main... on est plus au temps de Maurice Duplessis.

Francis Piéraut

 

pour vrai?

by anarcat on 3 juillet, 2004 - 18:45Score: 0

Enfin quelque chose d'encourageant. Le gouvernement ne peut pas tout faire et les gens et ceux-ci doivent se prendre en main... on est plus au temps de Maurice Duplessis.

Je crois que c'est la première fois que je vois un locataire se réjouir de la crise du logement.

 

Re: pour vrai?

by Anonyme on 7 juillet, 2004 - 20:27Score: 1

Ton interpretation est erronée. Comment peux-tu avoir compris cela?

 

explication

by anarcat on 7 juillet, 2004 - 22:28Score: 1
  • la crise du logement est en partie dûe au désengagement de l'état (en particulier du fédéral) dans le financement du logement social
  • la crise du logement pourrait entre en partie contrôlée par un réinvestissement massif dans ledit logement social
  • la crise du logement pourrait également être contrôlée avec une meilleure conscientisation des droits des locataires et des contrôles plus serrés par la régie du logement.

Maintenant, le commentaire parent disait "Le gouvernement ne peut pas tout faire et les gens et ceux-ci doivent se prendre en main.", en rapport à une citation disant que les gens doivent se sensibiliser. Peut-être que j'ai sorti la citation de son contexte et que j'ai abusé des mots, mais je crois que le gouvernement doit prendre action, car le logement laissé au seul libre marché ne saura fournir un logis décent à tout le monde, que tout le monde soit "conscientisé" n'y changera pas grand chose.

 

Re: explication

by fpieraut on 7 juillet, 2004 - 23:58Score: 1

Je suis tout à fait d'accord concernant les responsabilités du gouvernement à ce sujet mais pour revenir à mon commentaire, je me rejouissais que tel que Louis Lessard le mentionnait, les gens s'organisent un peu et n'attendent pas toujours pasivement apres le gouvernement.

Voici comment je vois les choses:

court terme: organisation des gens tel que l'exemple de Louis.

long terme : reajustement du gouvernement en injectant des fonds dans les logements sociaux. (Ca ne règle pas le problème à court terme, alors que faire: attendre et mettre la faute sur le gouvernement? Ma position est qu'il faut militer pour faire bouger les gouvernements au sujet des logements sociaux mais qu'il faut aussi que les gens s'organisent tel que l'exemple de Louis. Il est toujours trop facile de mettre la faute sur d'autres mais eux que font-ils pour s'aider maintenant car ce n'est pas le gouvernement qui va le faire?

Sachant que la régie du logement limite l'augmentation des loyer à environs 1.5% cette année et que la crise du logement se répète chaque année depuis quelque temps, comment se fait-il que tant de gens se retrouvent à la recherche de logements?

Réponses possibles:

a)C'est un nouvel arrivant ou immigrant (légitime)

b)Son propriétaire a pris son logement (c'est légal mais très très rare)

c)Il a été mis dehors du à une hausse trop importante de son loyer (si ils étaient mieux informé, ils peuvent refuser ces hausses)

d)Ils n'ont pas renouvelé leur bail (Ils le cherchent un peu connaissant le contexte actuel, non?)

e)Étudiant quittant le nid familiale.

Moi, je crois que c'est D la réponse, et toi?

 

Ajout tardif

by phil on 16 juillet, 2004 - 21:08Score: 2

Voici comment je vois les choses:

court terme: organisation des gens tel que l'exemple de Louis.

long terme : reajustement du gouvernement en injectant des fonds dans les logements sociaux. (Ca ne règle pas le problème à court terme, alors que faire: attendre et mettre la faute sur le gouvernement? Ma position est qu'il faut militer pour faire bouger les gouvernements au sujet des logements sociaux mais qu'il faut aussi que les gens s'organisent tel que l'exemple de Louis. Il est toujours trop facile de mettre la faute sur d'autres mais eux que font-ils pour s'aider maintenant car ce n'est pas le gouvernement qui va le faire?long terme : reajustement du gouvernement en injectant des fonds dans les logements sociaux. (Ca ne règle pas le problème à court terme, alors que faire: attendre et mettre la faute sur le gouvernement? Ma position est qu'il faut militer pour faire bouger les gouvernements au sujet des logements sociaux mais qu'il faut aussi que les gens s'organisent tel que l'exemple de Louis. Il est toujours trop facile de mettre la faute sur d'autres mais eux que font-ils pour s'aider maintenant car ce n'est pas le gouvernement qui va le faire?

Je trouve l'argument de "mettre la faute sur le gouvernement" plutôt mystérieux. Est-ce que c'est la faute des individus s'il y a pénurie de logements? C'est un fait statistique. De la même manière, je trouve que "que font les gens pour s'aider plutôt qu'attendre passivement?" tout aussi mystérieux. Est-ce que tu veux que les gens se bâtissent leurs propres maisons?

Et c'est drôle parce que je crois que ça se passe exactement de la façon contraire à celle que tu vois. À court terme, le gouvernement s'en occupe: il donne des subventions aux loyers, il ouvre des gymnases. À long terme, les gens doivent "s'aider" eux-mêmes (autrement dit, survivre) parce que le gouvernement ne fait rien alors que ça fait 3 ans que ça dure. Que le gouvernement sache que la crise existe, année après année, et ne fasse rien de durable, est complètement scandaleux. Que les gens s'aident ou pas.

De toute façon, les gens s'organisent, contrairement à ce que tu penses. Vas voir les actions du FRAPRU, du RECLAQ et des assos de locataires.

Sachant que la régie du logement limite l'augmentation des loyer à environs 1.5% cette année et que la crise du logement se répète chaque année depuis quelque temps, comment se fait-il que tant de gens se retrouvent à la recherche de logements?

Tu mélanges la cause et l'effet. Ce n'est pas l'augmentation des loyers qui cause la pénurie de logements, mais la pénurie de logements qui cause l'augmentation des loyers.

Et la limitation de la Régie du Logement, c'est très souvent de la science-fiction.

b)Son propriétaire a pris son logement (c'est légal mais très très rare)

Ah bon?!?!?

c)Il a été mis dehors du à une hausse trop importante de son loyer (si ils étaient mieux informé, ils peuvent refuser ces hausses)

d)Ils n'ont pas renouvelé leur bail (Ils le cherchent un peu connaissant le contexte actuel, non?)

Tu sembles penser que si des personnes sont victimes de la crise du logement, c'est parce qu'ils n'agissent pas comme il faut, ou n'ont pas conscience de certaines choses. C'est une vision idéaliste (au sens philosophique du terme) de la chose. La crise du logement, c'est un problème matériel , et une question de rapport de pouvoir. tu penses que des gens ne renouvelent pas leur bail parce qu'ils "le cherchent un peu". Qui veut vraiment "chercher" ça? Est-ce que tu dois rester avec un chum qui te bat pour éviter la crise du logement? Est-ce que tu dois laisser ton futur enfant dans la même chambre que les deux autres pour éviter la crise du logement? Est-ce que tu dois accepter de faire 2 heures de STM par jour pour te rendre à ton nouveau travail pour éviter la crise du logement? Ce sont des questions très concrètes et très réelles.

Je ne veux pas dire que les gens ne peuvent pas s'aider, mais avec un taux d'inoccupation de près de 1%, je trouve ça un peu fort de dire ça.

 

Re: Re: explication

by anarcat on 8 juillet, 2004 - 09:57Score: 1

a) est clairement erroné, l'arrivage de nouveaux immigrants ne peut expliquer la crise.

b) arrive beaucoup plus souvent qu'on peut le croire, ce n'est pas très très rare. Le logement ici a été repris par la fille du proprio pendant moins qu'un an peu de temps avant que l'on arrive. Vous trouvez ça juste? Imaginez un peu la hausse de loyer qu'il y a eu après son départ.

c) n'est pas réaliste. Ce qui arrive plutôt, c'est que les gens quittent leur logement (ils ne sont pas mis dehors) car ils croient qu'ils ne peuvent pas refuser.

d) rejoint mon c)

e) nombre trop infime pour expliquer le problème.

C'est effectivement en grande partie d). Mais c'est une question d'ignorance. Les gens ne savent pas que non seulement ils peuvent refuser une augmentation de loyer, mais s'ils le font, leur propriétaire ne peux pas les mettre dehors.

Alors ils ne renouvellent pas leur bail. Et de toute façon, qui veut vraiment se battre avec son propriétaire année après année? Il y a un certain opportunisme financier ici, de la part des proprios. Ils profitent énormément de la crise du logement.

Nous avons accepté notre dernière hausse de loyer ici, et ce malgré le fait qu'aucune réparation ou amélioration n'avait été effectuée sur le logement, et malgré le fait que nous payons nous-mêmes l'électricité et le chauffage. Alors quoi, c'est notre faute? Non, nous avons acheté la paix. Nous avions refusé l'augmentation précédente de 25$, pour les raisons ci-haut, l'année dernière, mais cette année, nous avons décidé d'en laisser un peu au proprio.

Nous en avons les moyens, économiques et "informatifs", si je peux dire. D'autre n'ont pas ce luxe: ils ne peuvent dealer de cette façon avec leur proprio car il n'ont pas les moyens et ne savent même pas qu'ils peuvent le faire.

Le problème de la crise du logement est très simple selon moi: il n'y a pas assez de logements à bas prix libres, alors les propriétaires peuvent faire de la discrimination à outrance sur des bases raciales, sexuelles, conjugales, etc. Ils abusent de leurs droits de façon éhontée, souvent sans conséquences car les abus sont si répandus que chaque plainte n'est qu'une goutte dans l'océan.

Pourquoi il n'y a pas assez de logement à bas prix? Voir les problèmes de financements que j'ai mentionné plus haut, qui mènent inévitablement à une rareté du logement, ce qui fait gonfler les prix, ce qui met les plus pauvres dans la rue.

C'est très simple au fond.

A.

 

Re: Re: Re: explication

by fpieraut on 9 juillet, 2004 - 00:28Score: 1

b) arrive beaucoup plus souvent qu'on peut le croire, ce n'est pas très très rare. Le logement ici a été repris par la fille du proprio pendant moins qu'un an peu de temps avant que l'on arrive. Vous trouvez ça juste? Imaginez un peu la hausse de loyer qu'il y a eu après son départ.

En théorie, cette tactique attire beaucoup de propriétaire mais sa mise en oeuvre nécessite beaucoup de gestion et d'investissements pour les retombées. Ex: Suposons qu'un proprietaire moyen à 6 logements (800$/mois : 57600 revenu loyer + 500$ tax/loyer =53600 -0$ renovation) et qu'il veut se prévaloir de son droit d'habiter l'un de ses logements (ou un membre de sa famille) pour beneficier l'année suivante d'une augmentation de loyer de 200$ par exemple (ceci implique qu'il ou sa famille doit quitter par la suite etc.). Donc, cette operation lui rapporterait 4.4% d'augmentation l'année suivante (si proprio= -12% année courante si il garde sa maison par exemple). Seul les proprietaires ayant peu de logements doivent se lancer dans une telle aventure sinon ils ne sont aucun sens des affaires car le gain est bien trop faible contenu de l'investissement. Donc, je reste persuadé que très peu de propriétaire se prévale de ce droit et qu'il ne peut pas expliquer la hausse des loyers entrainant une diminution des loyers à prix modique (influence minimale et négligeable). Je reste persuadé que tu as été très mal chanceux.

C'est effectivement en grande partie d). Mais c'est une question d'ignorance. Les gens ne savent pas que non seulement ils peuvent refuser une augmentation de loyer, mais s'ils le font, leur propriétaire ne peux pas les mettre dehors.

Donc, apres plusieurs années de crises, ils y a en a qui n'ont pas encore compris ou entendu parler des règlements de la régie. Il me semble que lorsque ca t'arrive une fois, tu apprends et tente de t'assurer que cela ne se reproduise pas. Même si ce n'est pas les mêmes à chaque année, n'ont-ils jamais entendu parlé de la crise? Bref, je crois que les gens doivent se responsabiliser à un minimum et qu'ils doivent apprendre un peu de leurs erreurs. Nous ne sommes pas dans un pays communiste, n'est ce pas? Tout le monde à sa part de responsabilité. Bref, je trouve ca très décourageant si ceci explique en grande partie cette réalité.

extrait[Pourquoi il n'y a pas assez de logement à bas prix? Voir les problèmes de financements que j'ai mentionné plus haut, qui mènent inévitablement à une rareté du logement, ce qui fait gonfler les prix, ce qui met les plus pauvres dans la rue.]

Une autre chose qu'il ne faut surtout pas oublier est que le système capitalisme tend à assurer que l'offre soit inférieure à la demande pour mieux nous fourrer. Je trouve un peu utopique de croire que le gouvernement change radicalement ses investissements dans les logements sociaux car nous n'avons aucun parti légèrement socialiste au pouvoir, ni au provinciale ni au fédéral. Tant que le néo-libéralisme sera au pouvoir, nos besoins primaires seront baffoués. Voir mon article : Le capitalisme à l'assaut des besoins primaires (logement).

Bref, nous voulons les mêmes choses sauf que nos approches pour y arriver diffèrent.

 

À mon tour d'être surpris

by phil on 3 juillet, 2004 - 15:20Score: 2

Je dois dire que je suis moi-même très surpris à la lecture de ton commentaire. Je n'avais pas vu que l'article excluait d'autres victimes de la crise du logement, mais qu'il faisait un portrait privilégié des communautés noires.

"Rectification des faits: Au Québec, on est dans l'une des sociétés les plus tolérante et ou les immigrants subissent le moins de discrimination."

Es-tu bien sûr que ce que tu dis est un "fait"? Ça me semble plutôt être une évaluation. Sur quoi te bases-tu? (Louis Lessard utilise peut-être un exemple mais c'est tout de même un cas réel)

"Certes, la discrimination raciale existe encore mais la crise du logement touche tout le monde: ce qui inclus les blancs francophones et anglophone de Montréal et pas seulement les noirs."

Je crois qu'il faut clarifier certaines choses. La crise du logement touche tout le monde, mais elle touche les gens différemment selon leurs groupes d'appartenance (classe sociale, occupation, origine ethnique, etc.). La crise du logement touche de manière négative les gens qui sont déjà les plus défavorisés dans la société: immigrants, assistés sociaux, certaines personnes avec enfants, étudiants dans une certaine mesure, etc. Les blancs francophones et anglophones, même s'ils peuvent être victimes de la crise, ont quand même un avantage.

"Qui est cette femme? Dans quel quartier vit-elle? En tout cas, ce n’est pas dans mon quartier à côte des neiges, ou les québécois sont la minorité visible."

1- En effet ce n'est probablement pas dans Côte-des-Neiges, mais tu prends un exemple extrême (le quartier le plus multiethnique de Montréal). Je ne vois pas pourquoi ça n'arriverait pas dans un quartier plus homogène.

2- C'est quoi pour toi un Québécois?

"Cette femme a été traumatisée une fois dans sa vie par ce qu'un abruti lui a fait une réflexion sur sa couleur et maintenant elle voit de la discrimination partout."

Ce commentaire est sans fondement, rapide et dégradant. Voilà.

"Extrait:[«Je veux être sûr d’être payé, donc je ne veux pas louer à un Noir»] / Alors là bravos ! Comment peut-on arrivé à une généralité avec un seul exemple."

Désolé, mais le fardeau de la preuve est de ton côté. Il y a de la discrimination à Montréal, je vais te trouver des textes s'il le faut. (en plus, c'est un article journalistique basé sur un témoignage, pas un relevé statistique...)

"Voici un contre exemple: Moi, Francis Pieraut suis revenu de voyage avec ma copine en novembre 2000 et cherchions un appartement. Ma blonde n'avait pas encore trouvé un travail et j'allais commencer ma maîtrise. On était blanc, francophone et éduqué et certains propriétaires ne voulaient pas nous louer leur logement car nous n'avions pas de revenu; comment pouvait-on assurer de pouvoir payer le loyer?. Arrêté de vous apitoyer sur votre sort, on est tous dans le même bateau !"

Voir ce que je disais plus haut sur les groupes particulierement affectés. Je m'excuse, mais on est pas tous dans le même bâteau. On peut en reparler si tu as fini ta maîtrise et que tu as un bon travail.

Pour terminer, je trouve que tu fais preuve de mauvaise foi. Tu veux des faits, voilà un fait que je te défie de m'expliquer: le taux de chômage pour un noir avec un bacc. est légèrement plus élevé que le taux de chomage d'un blanc avec un sec. 5. Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de pogroms au Québec qu'il n'y a pas de racisme. Le Québec va chercher les gens les plus scolarisés de tous les pays défavorisés du monde, et il les fait faire les jobs que personne n'a envie de faire quand les diplômes ne sont pas reconnus. Si ce n'est pas du racisme, je me demande bien ce que c'est.

 

Re: À mon tour d'être surpris

by fpieraut on 9 juillet, 2004 - 00:37Score: 1

Une petite rencontre s'impose pour clarifier nos positions et, si possible, aboutir à un concensus de facon de facon un peu plus constructive. Nos conclusions pourrait faire l'objet d'un article.

Qu'en pensez-vous?

 

Re: Re: À mon tour d'être surpris

by phil on 10 juillet, 2004 - 17:10Score: 1

Hmm... Le mieux serait peut-être que tu viennes au prochain atelier de rédaction. (Ça reste à confirmer, mais ça pourrait être le premier samedi du mois d'août) On pourrait en discuter. Mais je ne suis pas sûr qu'on arrive à un consensus... :)