Grève étudiante au Québec : le gouvernement doit reconnaître sa défaite

Soumis par David le dimanche, 3 avril, 2005 - 17:16 Analyse
Éducation

Le gouvernement de Jean Charest veut couper 103 M$ dans les bourses données aux étudiants québécois les moins fortunés pour les transformer en prêts, réduisant ainsi le montant moyen alloué en bourses de 88% et augmentant l'endettement moyen de 91% ! [1] Le premier effet concret de cette mesure aura été de pousser à la grève générale des étudiants qui devraient présentement être en train de s'instruire et d'apprendre à exceller dans leur futur métier. Jour après jour, entre 40% et 60% des étudiants n'assistent pas à leurs cours, certains depuis plus d'un mois, et le mouvement ne semble pas prêt de s'essouffler. Il ne faut pas se leurrer, cela a un effet très négatif sur la qualité de leur formation. Le gouvernement a essayé très fort de convaincre tout le monde du bien fondé de sa proposition, sans succès. Il est maintenant grand temps qu'il reconnaisse sa défaite et qu'il annule l'entièreté de la coupure de 103M$ dès l'année scolaire en cours pour enfin mettre un terme à la grève étudiante.

Une simple question de démocratie

Au printemps 2003, les Libéraux de Jean Charest ont promis durant leur campagne électorale « d'augmenter le financement des cégeps en région » et « d'augmenter les budgets et le nombre de professeurs réguliers dans nos universités » [2]. Les Québécois ont donc élu les Libéraux pour investir dans l'éducation, pas couper dedans ! Suite à la coupure de 103M$, la population du Québec a toujours été majoritairement en désaccord avec la décision du gouvernement. En novembre 2004, un sondage Léger Marketing révélait que trois Québécois sur quatre étaient opposés à cette coupure [3]. Début mars 2005, un nouveau sondage Léger Marketing mesurait 71 % [4]. Le 30 mars 2005 [5], encore un autre sondage Léger Marketing affirmait que 73% des Québécois pensent que « le gouvernement devrait réinvestir les 103 millions dans les bourses aux étudiants » [6].

Ainsi, il s'agit d'une simple question de démocratie. Le rôle du gouvernement est d'administrer le Québec selon la volonté de la population et, très clairement, les Québécois ne veulent pas de cette satanée coupure et n'en n'ont jamais voulu depuis un an maintenant ! À ce stade, il est même inutile d'argumenter sur les bienfaits et méfaits de la coupure, la démocratie commande que le gouvernement respecte la volonté des Québécois. Un point c'est tout.

L'arrogance du gouvernement Charest

Le gouvernement Charest a déjà fait montre d'une arrogance ahurissante dans le dossier de la grève étudiante. Après un an de protestations, ce gouvernement a réussi à ne faire qu'une seule et unique offre aux revendications étudiantes. Cette offre consiste à couper l'intégralité des 103M$ pour l'année scolaire présentement en cours, à couper 61,5M$ pour l'année scolaire suivante et à couper 276M$ au total. Devant le rejet de sa proposition il y a maintenant deux semaines, le gouvernement a tenté de désinformer la population du Québec en dépensant près de 150 000$ [7] en publicités pleine pages dans les journaux, insistant sur la prétendue « générosité » de son offre qui « ajoute 342 000 000 $ au programme actuel ». Depuis ce temps, le gouvernement continue de laisser la majorité des étudiants sacrifier une part de plus en plus grande de leur session, en dépit de l'opinion populaire, en dépit des très impressionnantes manifestations étudiantes (peut-être les plus importantes de l'histoire du Québec) et en dépit de ses propres promesses électorales !

Qu'attend donc le gouvernement ?

Cet apparent mépris pour la démocratie est vraiment frustrant et troublant. Qu'attend le gouvernement que les étudiants et les autres Québécois fassent de plus ? Si le ministre Fournier ou le premier ministre Charest ne sont pas prêts à respecter la volonté populaire, ils devraient démissionner avant de provoquer une révolution !

Article original publié sur ZOMBIE: http://zombie.lautre.net/article.php3?id_article=236


[1] téléjournal de radio-canada, 16 mars 2005 (vers 7 minutes :30). http://www.radio-canada.ca/actualite/lepoint/

[2] Extrait de la plate-forme du PLQ : http://www.cmaq.net/fr/upload/20204.jpg

[3] cyberpresse.ca, 27 février 2005 : http://www.cyberpresse.ca/actualites/article/article_complet.php ?path=/actualites/article/27/1,63,0,022005,937879.php

[4] Le Devoir, 3 mars 2005, http://www.ledevoir.com/2005/03/03/76095.html

[5] J'ignore volontairement le sondage Léger Marketing du 16 mars 2005 dont l'interprétation est pour le moins contreversée. Voir http://zombie.lautre.net/article.php3 ?id_article=227

[6] http://www.feuq.qc.ca/fr/documents/FEUQ-RapMars2005.pdf

[7] http://www.cyberpresse.ca/actualites/article/article_complet.php ?path=/actualites/article/23/1,63,0,032005,967851.php

Re: financement de notre desinformation

by Anonyme on 16 avril, 2005 - 22:32Score: 0

....Devant le rejet de sa proposition il y a maintenant deux semaines, le gouvernement a tenté de désinformer la population du Québec en dépensant près de 150 000$ [7] en publicités pleine pages dans les journaux..

Comment peut-on accepter de financer notre désinformation? Je suis abonné au devoir est j'ai vu à plusieurs reprises ce marketing desinformant. Tout comme le programme des comandites, la désinformation par la publicité est de plus en plus utilisé par nos gouvernements pour nous faire avaler leur argumentation merdique.

L'investissement du Québec dans l'éducation porte fruit: le rejet de cette desinformation par la capacité critique d'un peuple éduqué.

Nous n'accepterons jamais cette médiocrité et à force de sous estimer le peuple québecois, cela ne peut qu'inciter la levé d'une tornade qui se concrétisera par heurter l'unité canadienne..

Nous n'accepterons jamais de nous rabaisser à la moyenne canadienne!