La pluie détruit et dissous les murs de la nuit.
Les morts valsent chez les vivants et les gardent dans le passé.
Fuir est la seule solution mais quel salut sous la pluie?
Nucléaire. Réfractaire. On exagère.
Je veux boire ma pluie fondue comme l'eau d'un puits.
Cette épopée de feu est terminée.
A.
La nuit est toujours tombée dans le souterrain. Les gigantesques machines d'acier et de plastique colorées mènent les humains machinés à leur lien de labeur. Mécanisés, les déshumanisés regardent leurs pieds. Tristesse et misère peuplent leur regards. Un autre métro croise dans le dédale de tunnels dans un cri de furie et de lumières. Les mécaniques parfaitement réglées continuent sans broncher. L'autre station arrivé, c'est la course vers la liberté pendant que d'autres forcenés entrent dans le charnier. Aliénés par la publicité, absorbés dans ces vides pensées pour les faire consommer, ils se sont tellement oubliés qu'ils vont jusqu'à être scandalisés lorsques leur lavage de cerveau est vandalisé.
Une job sur une île déserte peuplée de la statue de la liberté, ça va faire ma journée. En prime les nouvelles du sport et le monopole pour l'information en 20 minutes de la multinationale.
Tu vois pas l'hiver passer à chaque matin un contact C.
Toutes les journées t'es passe ben gelé.
Une autre crisse de page blanche et rien à y écrire. Tant de papier vierge et toujours rien à dire. Mais qu'est-ce qui reste à dire? La police tue? À bas tous les pays, vive l'Anarchie!! Et ensuite? C'est pas juste prêcher aux convertis? Sinon que de prêcher aux abrutis?
Ou encore: changer/adoucir le message n'est-il pas le détruire, se réformer et aliéner une idée qu'on aurait jamais dû laisser passer?
Combien de fois l'Anarchie va-t-ele ouvrir ses ailes seulement pour être écrasée comme l'albatros sur un quai?
Faut-il alors vraiment s'armer? L'insurrection? La récréation? Mais qui à nouveau sonnera la cloche et calmera les enfants? Le génocides des bourgeois, des politiciens, des flics et des verts est-il vraiment nécessaire?
Ils ne se laisseront certainement pas faire.
Même la non-violence n'a plus de légitimité. De tout temps, les pacifistes ont été massacrés.
Est-ce que ça leur donne le droit de se venger?
Le massacre au fusillés! L'armée des pacifistes devra-t-elle être bâtie?
Partir en guerre contre les fascistes comme les espagnols? Il y a certainement de la job à faire ic!
Barbouillés les universités, les musées!
À sang le parlement!
Ces instances ne sont pas légitimes.
Voilà ma dîme.
Les bourgeois du monde ont rendez-vous en Amérique. Cette terre qui pour eux fut génocidée, conquise et colonisée. C'est devenu le ghetto riche du quartier. Et partout aux entrées. Seuls les capitaux sont acceptés, la crème des autres sociétés y vient et y est placée comme des dégénérés. Parle pas français? 'Tin! V'là un balai! Ton éducation, pour nous ça vaut pas un rond! Vétérinaire? Nous aussi on a le McDo, tu vas travailler avec les animaux.
Pis si t'es juste pas qualifié, t'auras juste pas d'papiers. On a besoin d'esclaves, pas d'salariés. Ici aussi on est fauchés.
Tu vas travailler pour les riches crottés, les laver, te faire violer, pis avant d'pouvoir avoir tes papiers, à la porte on va t'crisser. Enceinte? Un flo? On s'en fout, t'es pas d'chez nous!
Notre pays tu l'as forgé, avec vos mains travaillantes, vos fronts en sueurs, estomacs vides et vos esprits rêvant d'une vie meilleure. Cheap labor sans lequel ce que nous prenons pour acquis ne l'aurait jamais été.
Vous devriez être félicités mais vous êtes repoussés, rejetés. Sans de nouveaux membres la société va dégénérer en un ramassis de congénitaux arriérés.
Une autre journée de job. Une autre journée à chiâler. C'est mon calepin qui va être content, une autre prose d'un autre impotent vient y gerber. À l'incinérateur il sera brûlé. Mes mots auraient-ils perdu toute leur musicalité derrière ces pénibles tentatives de faire des rimes en "é".
Pourquoi on continue de se faire chier? Tout sa vie à travailler. Steinbeck dit que c'est ça la définition même de l'humanité. De là, ceux qui ne travaillent pas ne font plus partie de la société.
Est-ce qu'il reste une poésie
Quand tout ton monde est détruit?
De l'Allemagne à l'Asie,
Il faut récolter les fruits.
Faire repousser les arbres de la liberté,
Dans les cendres de ceux brûlés.
Avec eux les exploités
Génocides bien fignolés.
On a pas besoin d'être policés.
Notre autorité, c'est autogéré!
C'est assez l'abus, c'est pas un métier!
Assez de Gosset, Stante et Garneau
Assez de Griffin, Lizotte et Suazo
C'est assez les meurtres, manifs sous escorte!
Aux matraques répondez avec les battes
Aux arrestations on répondra par les baston
Y'en a marre d'être mutilés, fichés, cassés
Simplement pour avoir exprimé nos idées
C'est pour ça qu'il faut renverser tous ces gradés
Avant même qu'on y ait pensé
Ils se sont sentis menacés
Et dans l'tas ils ont foncé
Québec fermée! Québec gasée!
Avant même qu'on soit arrivés
Ils l'avaient déjà murée.
Pour continuer à négocier des ententes
que le peuple n'a jamais voté,
ils se sont protégés avec murs,
matraques et boucliers.
Et quand on est arrivés,
ils nous ont
gasé
matraqué
poivré
fusillé
Tyrans, retenez vos cerbères!
Vos chiens protecteurs de l'enfer
Retenez vos enfants innocents
De partir à cette guerre
De brutaliser d'autres innocents
Pour des causes qui ne sont qu'argent
Sur les bûchers de la rue
Sur l'autel de la liberté
Vos chiens (bêtes à deux têtes) iront brûler
Abuser et sévir, c'en est assez!
C'est le même chien derrière ces 2 têtes
La même chimère enchaînée
Lâchement retenue puis lâchée
Soumise aux fantasmes des autorités
Étât je te hais
Et chien je te plains
T'as plus de loi
T'as plus de foi
T'es le chaos
Le discriminant
Le meurtrier
Le chien mal léché
Ostie d'criss d'enculé.
Debout! Anartistes!
Faisons omber les murs du temps
Éclaton les frontières de la perception
Ouvrons tout! Cassons tout!
Plus de frontières
Plus d'état ni de loi
Maîtres de nous mêmes à nouveau
Appartenant à nous et à tous
L'art libre, l'art gris
L'art meuble, l'art pluie
L'art névrose, l'art morose (l'art nécrose?)
L'art plantain, l'art éteint
Écrire punir
Juger mater
Décider condamner
Attaqués de tous côtés
On se crée notre intimité
Faut pas se toucher, se regarder
Surtout pas se parler.
On y est allés, on a tué
On a gagné, on a rasé
On est revenus
Encore du barbouillage, quand est-ce que je vais me tanner?
Est-ce que tout ce que j'ai imaginé a une valeur appropriée? Est-ce que ma pensée doit toujours être rimée?
Plaidoyer pour l'abolition du dogme poétique.
BLEH!