Inégalités culturelles et gentrification

Soumis par phil le mercredi, 3 décembre, 2003 - 17:10 Remarque
Arts et cultureThéories et idéologies

Voici quelques remarques sur l'article de Dominic Dagenais, La gentrification et le conservatisme de gauche. Je suis d'accord avec la critique qu'il fait en général, mais un commentaire que je rédigeais s'est transformé en texte beaucoup plus long, alors j'ai choisi d'en faire un article en soi. Je vous recommande donc de lire l'article et les commentaires qui suivent avant de lire cette remarque.

Au sujet de Molson, Dominic Dagenais a écrit dans un commentaire: "Molson c'est quand même une vieille entreprise hyper capitaliste, qui a toujours été étroitement liée à la bourgeoisie anglo-montréalaise depuis la Conquête, au temps des MacTavish, McGill et tout. Et qui avec le temps a très peu changé au fond. La dynastie Molson entretenait des liens avec la droite, voire l'extrême droite de plusieurs pays, soutenant notamment l'apartheid en Afrique du Sud jusqu'aux années 1980. C'est pour ce genre de raisons que je trouve globalement qu'il n'y a absolument rien de progressiste dans l'idée de préférer la Molson Ex des tavernes d'Hochelaga-Maisonneuve aux bières de micro-brasseries parce que considérées comme plus fancées." J'ai des réserves sur le caractère "hypercapitaliste" de Molson, parce que ça sous-entend que Boréal et Unibroue seraient "hypocapitalistes", et aussi parce que j'ai de la difficulté à baser mes choix de consommation sur des critères de ce genre, mais bon, c'est un autre débat (lire un article sur les boycotts qui en traite ici!).

Il écrit, plus loin: "Et je trouve, ça c'est vrai que c'est une question de préférence personnelle, que ces dernières sont généralement bien meilleures au goût. Pour le cinéma, c'est un peu la même chose. Ainsi que pour la musique. Je pense qu'on s'entend pour reconnaître que généralement la musique diffusée par les chaînes les plus commerciales tend à être préfabriquée, insipide en plus d'être très redondante (combien de fois entendons les mêmes hits dans une journée à CKOI, CKMF ou autre?)."

Encore une fois, je ne peux qu'être d'accord. Mais... il me semble que ça passe à côté de quelque chose que j'ai de la difficulté à décrire. L'inégalité dans une société capitaliste avancée n'est pas seulement économique, elle est aussi culturelle. Je pense que d'une certaine manière, Dominic et moi sommes d'accord là-dessus, parce qu'il souhaite que les classes populaires aient accès à des maisons de la culture, etc.

Mais l'inégalité culturelle est plus profonde que ça encore. Ce n'est pas en mettant des cafés avec de la "bonne" musique, des clubs vidéo avec des "bons" films que les gens des classes populaires vont nécessairement être attirés par ça et changer leurs habitudes. Ok, ça va arriver dans quelques cas, mais la majorité des gens va sentir que "ce n'est pas pour eux". Pourquoi? Parce que ce n'est pas autour de ça que leur vie a tourné.

Dans cette perspective-là, l'arrivée d'un cinéma de répertoire est vue par les comités-logement, à juste titre, comme faisant partie de la gentrification d'un quartier, parce qu'elle va faire sentir aux gens du coin qu'ils sont de plus en plus dépossédés de leur environnement et vont déménager, et inversement, des gens plus éduqués et cultivés vont se sentir attirés par cet endroit. L'erreur est de condamner les cinémas de répertoire en tant que tel, et de glorifier les films hollywoodiens, je suis d'accord. Mais il ne faut pas se fermer les yeux non plus sur les effets réels de telles arrivées.

Dominic Dagenais écrit que le Plateau est souvent critiqué, mais qu'il y a beaucoup de bonnes boutiques dans ce quartier (j'ai justement remarqué hier que le Super Club Vidéotron sur Mont-Royal est un club "Répertoire"... ha! quelle belle antithèse!). Malheureusement, ce sont aussi ces mêmes bonnes boutiques qui font partie de la gentrification du quartier, qu'on le veuille ou non.

Comment se fait-il qu'un quartier de plus en plus huppé ait des boutiques de plus en plus progressistes (et comme tu dis, ça se réflète aux élections d'ailleurs), alors que dans les quartiers encore ouvriers, ce ne le soit pas beaucoup? Cela nous amène à une question beaucoup plus large, à laquelle il m'est très difficile de répondre: comment se fait-il que dans les sociétés capitalistes avancées, depuis un certain nombre d'années, les positions politiques de gauche soient défendues par des classes relativement aisées (on n'a qu'à regarder de quelles classes sociales font partie les "nouveaux mouvements sociaux" des 30-40 dernières années) et que les positions politiques de droite, voire d'extrême-droite, soient défendues par des gens des classes populaires? On devrait pourtant s'attendre au contraire, et ça a longtemps été le cas, d'ailleurs. En plus de l'exemple amené par ton texte, il y a les dernières élections françaises: il a été montré que c'était les plus riches qui votaient "socialiste" (Jospin) et les plus pauvres qui votaient pour Le Pen. Même chose pour le squat Préfontaine d'il y a deux ans: les gens qui critiquaient le plus violemment le squat étaient les gens qui avaient le plus à gagner de cette lutte: des gens à faible revenu qui consacrent beaucoup d'argent à leur loyer...

Une réponse partielle à cette question (je suis persuadé qu'il y en d'autres beaucoup plus importantes), pour revenir aux goûts personnels face à la bière et à la musique, c'est qu'avoir des positions progressistes, ou "bohèmes" (le terme idéal, à mon avis, pour bien des gens du Plateau) donne un certain prestige, une certaine "Distinction", comme dans le livre La distinction de Pierre Bourdieu. Pourquoi les "Bourgeois Bohèmes", ou Bobos, choisissent-ils d'être bobos? Pour se distinguer, se démarquer, pour avoir du style, etc.

Les goûts personnels, tels goûts de bière, de bouffe et de musique, sont souvent, contrairement aux apparences, très subjectifs et arbitraires, et servent surtout à démarquer les classes sociales supérieures des autres. Cela va à l'encontre du texte de Dagenais de deux façons.

1. D'abord, ce qui est considéré comme "de bon goût" varie très vite et peut très bien avoir été considéré "de mauvais goût" il y a très peu d'années. Un très bon exemple actuel est la vogue country genre Cowboys Fringants. C'est pour ça que je dis qu'il est très délicat d'appuyer des gestes politiques sur des goûts personnels: si c'est aussi fluctuant, comment s'appuyer là-dessus? Les indicateurs économiques me semblent beaucoup plus fiables, et en ce sens-là aussi, les comités-logement ont raison de condamner la gentrification d'un quartier en dépit de sa soi-disant "amélioration culturelle".

2. Ensuite, cela signifie que de permettre aux classes populaires d'avoir davantage accès à la "bonne" culture, en supposant que ça fonctionne (ce qui est loin d'être évident, comme je l'ai expliqué plus haut), ne fera que relancer le cycle sans fin de la distinction. Autrement dit, si les théories de Bourdieu sont correctes, les classes aisées essaieront toujours de se démarquer des classes populaires, alors si des prolos vont au Café Rico, les gens aisés iront ailleurs, en condamnant le "déclin" du Café Rico ("ce n'est plus cool", "c'est devenu trop couru", etc.). C'est d'ailleurs déjà un peu commencé pour le Plateau justement. Certains gourous du branché urbain (je pense à Mado Lamothe mais il y en a d'autres) ont commencé à dire que le Plateau n'est plus "in" car il est envahi par les 450. Alors il faudra migrer ailleurs! Ce ne sera plus "le" quartier branché de Montréal.

Tout cela pour dire que j'appuie la critique du populisme dans de nombreux groupes et individus de gauche qui traitent de la crise du logement, mais j'aurai toujours des réticences à mettre des "critères culturels" de ce genre aussi fortement à contribution.

Tentative de début de réponse

by anarcat on 4 décembre, 2003 - 13:53Score: 1

... à la question: comment se fait-il que dans les sociétés capitalistes avancées, depuis un certain nombre d'années, les positions politiques de gauche soient défendues par des classes relativement aisées [...] et que les positions politiques de droite, voire d'extrême-droite, soient défendues par des gens des classes populaires?

Sans vouloir discréditer les classes populaires, il est certain que le niveau d'éducation de ces classes est plus bas que les classes riches. Les théories idéologiques ne sont généralement pas débattues au niveau primaire et secondaire, et c'est souvent à ce niveau qu'arrête l'éducation, et ce pour différentes raison: pauvreté, soutien à la famille, etc. Souvent, c'est seulement les riches qui ont l'occasion, le temps et les moyens de réfléchir à des positions politiques et de ce fait, c'est aussi une raison qui fait que ce sont ceux-ci qui accèdent à des "positions" politiques, justement.

Ce n'est pas un nouveau phénomène. On n'a qu'à regarder Zola, par exemple, que plusieurs considère comme une critique solide des nouveaux bourgeois capitalistes (dans ce temps-là, du moins), qui était lui-même issu d'une famille aisée et qui a pris sur lui-même d'observer les classes ouvrières. Le personnage principal de Germinal (dont j'ai oublié le nom), d'ailleurs, est très intéressant de ce point de vue: c'est un travailleur, mais qui cherche à devenir bourgeois; en s'éduqant, il rêve de Paris, il rêve de gouverner ses pairs, de les amener vers la révolution.

Plusieurs révolutionnaires, théoriciens anarchistes ou communistes étaient des gens aisés: Kropotkine était un prince russe, Bakounine venait d'une famille d'aristocrates. De l'autre côté, on ne trouve que Proudhon (ou presque), qui était issue d'une famille paysanne. (Pour la biographie et des textes de plusieurs penseurs anarchistes, voir flag.blackened.net et les archives anarchistes)

En contrepartie, les positions politiques de droite ne demandent pas réflexion outre mesure: on désigne un bouc émissaire, responsable des problèmes sociaux dont est souvent victime la classe ouvrière, et cette dernière se rue dessus, ignorant le fait que c'est souvent celui qui désigne le bouc qui est souvent le responsable des problèmes. À cause de l'aliénation dans laquelle est maintenue la classe ouvrière et la "classe moyenne", elle est facilement manipulable...

 

Attention! Pas si simple

by tatien on 4 décembre, 2003 - 20:40Score: 2

Mmm. Et que dire des positions politiques de gauche: on désigne un bouc émissaire (le marché, le capital), responsable des problèmes sociaux dont est souvent victime la classe ouvrière, et cette dernière se rue dessus, ignorant le fait que c'est souvent celui qui désigne le bouc qui est souvent le responsable des problèmes (les syndicats qui mettent des entreprises en faillite, les groupes sociaux à l'origine de dépenses gouvernementales exagérées). À cause de l'aliénation dans laquelle est maintenue la classe ouvrière et la "classe moyenne", elle est facilement manipulable...

Je pense personnelement que plusieurs positions politiques de droite se défendent très bien. C'est souvent plus une question de valeurs, de culture, que de logique et de raisonnement.

Ceci étant dit, je suis d'accord pour dire que le message véhiculé par une certaine droite néolibérale est complètement dépourvue d'esprit critique et de logique. Il faut juste ne pas généraliser, je pense.

 

Wouah...

by anarcat on 4 décembre, 2003 - 23:35Score: 0

Il y a une fichue différence entre pointer les immigrants pour les problèmes sociaux et blâmer le capital pour les problèmes sociaux: un est un mensonge éhonté, et l'autre a une base idéologique solide.

Et de là à dire que "les syndicats mettent des entreprises en faillite, les groupes sociaux à l'origine de dépenses gouvernementales exagérées", je trouve que tu y vas fort en crime. Tu peux critiquer les syndicats d'être bureaucrates et de devenir des boss eux-mêmes, mais les syndicats protègent les employés, ils vont pas chercher à mettre les compagnies en faillite! C'est les compagnies qui ferment pour empêcher la syndicalisation!

Et pour ce qui est des dépenses gouvernementales exagérées, je te mets au défi de me trouver un exemple valable, comme groupe social.

Pitié. :)

 

Re : Wouah...

by CM on 5 décembre, 2003 - 09:56Score: 2

Anarcat: "mais les syndicats protègent les employés, ils vont pas chercher à mettre les compagnies en faillite! C'est les compagnies qui ferment pour empêcher la syndicalisation!"

Voyons donc! tu ne dis pas ca serieusement j'espere? c'est aussi stupide que de dire: "Je vais me suicider pour ne pas que tu me fasse mal". Une compagnie existe pour faire de l'argent, elle continuera d'exister tant qu'elle en fera. Elle ferme lorsqu'elle n'est plus profitable pas pour "ecoeurer un syndicat qui nuit a sa profitabilite". Si les revendications (justifiees ou non, je le concede) du syndicat amene une compagnie a ne plus etre profitable, elle ferme, c'est triste mais c'est comme ca. Une compagnie n'a pas le devoir de fournir de l'emploi! La notion qu'un emploi/avantages sociaux/salaire quelconque sont des droits est tout a fait incompatible avec la notion de compagnie meme. Alors on aura beau creer des syndicats aussi puissants soient-ils, les droits des travailleurs s'arreront toujours la ou la profitabilite s'arrete. Parce que sans profit, pas de compagnie et sans compagnie pas d'emplois. L'exception est bien sur les employes du gouvernement qui, evidemment, n'a pas a etre profitable... et avec les resultats qu'on connait: employes d'entretiens a 50K$/an chauffeurs d'autobus a 65K$, etc...

Evidemment que ce serait bien si tout le monde faisait 100K$/an, mais notre societe produit une quantite limite de ressources, et tout reviens a savoir comment distribuer ces resources. Est-ce qu'on doit prendre les ressources totales et les diviser egalement a tout le monde sans egard a l'education, la quantite de travail produit, etc? Non surement pas! est-ce qu'on doit laisser faire complement les lois du marche? Surement pas non plus! On doit chercher un equilibre qui recompense le travail plus "difficile" ou qui demande plus d'education, pour ainsi eviter les injustices flagrantes (ex: infirmiere qui gagne 2X moins qu'un chauffeur d'autobus...) tout en ne creant pas "d'exclus" de ce systeme (comme c'est souvent le cas chez nos "turbulents" voisins du sud)...

Les syndicats ont depuis longtemps depasse la raison pour laquelle ils avaient ete crees. Le gouvernement a pris la releve (bon, certains gouvernements le font moins bien que d'autres... surtout dernierement :o) ) de proteger les individus... les syndicats ne cherchent plus qu'a obtenir des gains a court terme(ex: augmentation de salaire), sans egard pour le long terme (ex: est-ce que mes revendications vont faire fermer la compagnie?) et en ce sens, les syndicats se nuisent beaucoup a eux memes! On n'a qu'a regarde l'usine GM ou un exemple plus large, la ville de trois-riviere... dans les deux cas, les revendications excessives des syndicats on fait fermer les compagnie qui etaient leur raison d'etre...

CM

 

Le suicide corporatif

by anarcat on 5 décembre, 2003 - 12:45Score: 2

Je n'avais pas compris la métaphore du suicide:

"mais les syndicats protègent les employés, ils vont pas chercher à mettre les compagnies en faillite! C'est les compagnies qui ferment pour empêcher la syndicalisation!"

Voyons donc! tu ne dis pas ca serieusement j'espere? c'est aussi stupide que de dire: "Je vais me suicider pour ne pas que tu me fasse mal".

Quand une compagnie "ferme", c'est rarement la compagnie au complet. Dans tous les exemples qu'on a énuméré ici (McDo, GM), les compagnies existent encore (!). Ce sont des succursales, des usines ou des franchises qui ferment, pas la compagnie au complet. La métaphore est donc un peu exagérée, selon moi. C'est pas un suicide pour GM de fermer Boisbriand. C'est fermer une usine qui faisait juste des Camaros quand des crisses de camaros, y s'en vend pu. Aussi, c'était fermer une usine où tout le monde avait de l'ancienneté, des jobs stables, des bons salaires, des bonnes conditions de travail, pour probablement en ouvrir une autre au tiers monde. C'est pas un suicide, c'est pas des mises à pieds, c'est une "restructuration". Ah!

 

Re : Re : Wouah...

by anarcat on 5 décembre, 2003 - 12:28Score: 2

J'ai de la difficulté à croire que ce sont les syndicats responsables de la fermeture des compagnies. Combien de McDos ont fermé pour empêcher la syndicalisation? Dans plusieurs cas, la compagnie prétend qu'elle n'est plus profitable, mais c'est un euphémisme qui signifie qu'elle ne veut pas payer des salaires décents et des bonnes conditions de travail à ses employés. Sur quoi se fait le profit? Et pour qui? Sur le dos des travailleurs et des clients, pour les actionnaires et les propriétaires.

Une compagnie n'a pas le devoir de fournir de l'emploi! La notion qu'un emploi/avantages sociaux/salaire quelconque sont des droits est tout a fait incompatible avec la notion de compagnie meme.

Et bien alors on peut s'entendre sur le fait que le problème, c'est la compagnie, pas les emplois, avantages sociaux et salaires! Et évacuer complètement la notion d'emploi de "compagnie" est complètement hypocrite: combien de compagnies reçoivent des subventions substantielles pour "créer de l'emploi"?! GM, justement, puisque tu en parles se sont fait subventionnées par le gouvernement à coups de millions pour garder leur usine à Boisbriand, et dès qu'ils en ont eu l'occasion, ils ont fermé, en niant les ententes qu'ils avaient eu. Dans ce cas-là, oui, le devoir de la compagnie était de créer de l'emploi. Je dirais même qu'en général, c'est ce qu'on attend d'une compagnie: qu'elle fasse rouler l'économie certes, mais qu'elle donne des jobs. Pas qu'elle fasse du profit dans son coin en exploitant les resources pour elle-même.

Si les compagnies ne donnent pas de job, de bonnes conditions de travail et des bons salaires, elles peuvent aller se faire foutre, on a pas à leur donner notre peau.

Tu dis justement que nous produisons une quantité limitée de resources, et bien le modèle corporatiste est probablement le pire modèle économique pour distribuer ces richesses: le but est le profit, pas le bien commun.

J'admet que le syndicalisme n'est plus même l'ombre de lui-même. C'est même devenu, dans le cas de la FTQ ou de la CSN, des compagnies à part entières avec des employés. Mais en tant que concept de départ (des travailleurs qui s'unissent pour se dresser contre leurs boss), c'est essentiel et souvent inévitable.

Nous vivons ici dans une telle société bidon, que même ces débats n'ont plus de pertinence: il n'y a plus de cause à défendre, les combats rééls se livrent en dehors de nos frontières. Les compagnies qui ne sont pas satisfaites des salaires et conditions de travail se roulent à terre, se relèvent et vont ouvrir une usine au Mexique. Et je ne parle pas ici seulement du textile ou de l'industriel, mais aussi des milieux "hi-tech" des TIC où l'Inde est devenu un marché alléchant pour IBM où tout le monde veut bien travailler pour une bouchée de pain dans des conditions minables.

Qui oserait alors remettre en cause le syndicalisme dans un milieu comme celui-là?

"I know which side I stand."

 

Jugement de valeurs

by tatien on 5 décembre, 2003 - 01:28Score: 2

Et pour ce qui est des dépenses gouvernementales exagérées, je te mets au défi de me trouver un exemple valable, comme groupe social.

Je n'arriverai pas à te convaincre qu'il en existe car c'est une question de valeurs (je n'arriverais pas à me convaincre moi-même!) Pour moi, les groupes sociaux sont un des éléments importants pour faire bouger les gouvernements. Sans eux, ce serait le marché libre et pour que quelqu'un s'occupe de soi, il faudrait payer; pour aller à l'école, il faudrait payer, etc. Les groupes sociaux vont ainsi à l'encontre des "lois" du marché. Pour moi, cela fait du sens: c'est la démocratie qui s'exprime et qui dit "nous sommes prêts à payer pour qu'un autre se sente mieux, pour qu'un autre puisse s'éduquer, etc".

Or, selon une certaine conception libérale, en allant à l'encontre des lois du marché, on va contre la démocratie. Et les groupes sociaux vont à l'encontre de la démocratie en ne respectant pas le scutin, en faisant ainsi pression sur le gouvernement.

J'ai personnelement de bons arguments contre ces derniers, mais il reste que j'ai l'impression qu'au bout du compte, c'est un jugement de valeurs.

 

Re : Jugement de valeurs

by anarcat on 5 décembre, 2003 - 12:38Score: 1

À force de relativiser... on fini par se faire fourrer.

Il y a certains jugements de valeur qui vont de soi, et dont la négation consiste en une preuve de mauvaise foi, selon moi. L'idée selon laquelle on peut vivre dans son coin et prendre profit de tout, se foutre des autres et prendre la cagnotte dans le système capitaliste est tout à fait éhontée. Jugement de valeur, certes, mais un jugement de valeur auquel je tiens et auquel je ne dérogerai pas. Même le système capitaliste est impossible à tenir en place sans mesures sociales de solidarité, si ce n'est que pour garder le peuple soumis, garder la paix sociale, l'empêcher de se révolter pour ravoir son droit.

Tant qu'à ça, les groupes sociaux sont véritablement anti-démocratiques. Merde, L'Insomniaque est anti-démocratique. On est même des terroristes tant qu'à ça. On a des textes exposant L'Anarchie comme idéologie! Ça c'est dangereux. C'est anti-démocratique! Franchement. La démocratie, c'est le pouvoir du peuple. Présentement, ce que l'on a, c'est une oligarchie, une "corporarchie", si vous me permettez le néologisme. Ils ont beau nous faire croire que nous vivons dans une démocratie, qu'ils viennent pas me dire que je suis anti-démocratique parce que je vais défendre les groupes mêmes qu'ils prétendent aider. Tout ceci est un non-sens.

Je comprends que tu puisses te faire l'avocat du diable, mais là, il faut donner au diable ce qui est au diable. C'est de la marde, ce système. Et c'est un jugement de valeur que je fait, mais comme dit (encore) Bill Hicks: "it also happens to be true", ça s'addone que c'est vrai.

Café de merde

by tatien on 3 décembre, 2003 - 23:24Score: 1

Même la merde, autrefois réservée à l'alimentation de la classe inférieure, est rendue "inn". Le café le plus dispendieux au monde (environ 300$ la livre) est produit grâce à la contribution du paradoxurus hermaphroditus, un animal de la famille des marsupiaux vivant dans les plantations de café et se nourrissant exclusivement des baies de cafetiers. L'animal a un système digestif qui a pour particularité de ne pas digérer les grains de café qui peuvent alors être récolté... à la sortie! Ce processus biologique est supposé donner un goût tout à fait snobinard aux grains de café. Pour commander: Kopi Luwak.