Fin de l'insaisissabilité de l'aide sociale?

Soumis par Lawrence le mercredi, 16 juin, 2004 - 02:03 Analyse
Mouvements sociauxPolitique nationale

Le gouvernement du Québec songerait à permettre la saisie d'une partie du chèque d'aide sociale afin de payer le loyer impayé.

Il est certain que pour certains propriétaires, c'est une étape importante, puisque cela leur permettra de récupérer des sommes soi-disant importantes en loyers impayés.

Mais, il serait surtout intéressant de voir de quelle façon cette nouvelle politique va être appliquée, surtout que cela pourrait devenir un incitatif pour les locataires de quitter leur logement avant de passer devant la Régie du logement pour non paiment de loyer.

De plus si le locataire quitte son logement avant d'avoir comparu devant la Régie, le proprio pourra-t-il toujours saisir une partie du chèque pour payer les loyers dûs?

La solution pour régler le problème ne serait-il pas plutôt de s'assurer qu'il y ait des salaires plus décents et que plus de logements sociaux ou des HLM soient construits afin d'aider les plus défavorisés.

Re: Fin de l'insissabilité de l'aide sociale?

by Lawrence on 19 juin, 2004 - 14:02Score: 1

J'aimerais clarifier mon propos au sujet des "salaires plus décents:

Oui c'est vrai que si les salaires étaient plus élevés, cela contraindrait peut-être les personnes assistées de l'aide sociale à se dénicher un emploi et pouvoir ainsi subvenir à leurs obligations.

Ce qu'il y a de "plate" dans tout cela, c'est que même si les assistés sociaux se trouvent des emplois à temps partiel et peu rémunérés, les prestataires de l'aide social voient leurs prestations réduites, ce qui peut être considéré comme une dissuasion à garder l'emploi, surtout si l'assisté social doit dépenser une bonne partie de leurs revenus en vêtements et en frais de transport.

Il existe aussi des programmes de réinsertion sociale ce qui en soi peut-être une bonne chose, mais là encore certains employeurs les utilisent afin de garder les masses salariales basses, ainsi certains employeurs pourraient engager un certain nombre d'employé avec bon d'emploi et à la fin du programme ils mettent un terme à leur emploi, pour recommencer plus tard le même petit jeu, en engageant quelques semaines plus tard d'autres employés titulaires de bons d'emploi, ce qui vient à dire que le gouvernement encourage le "cheap labour".

Dans une autre ordre d'idée, j'entendais cette semaine des gens dire que certans BS qui touchaient le plein montant d'aide social se trouvaient le moyen de faire du travail sous la table pour ne pas perdre leur BS. Oui, il est vrai que cela existe, mais il faut dire également que je connais personnellement des gens qui travaillent à temps plein avec d'assez bons salaires qui font également du travail au noir, les assistés sociaux n'ont pas le monopole à ce niveau.

Tout ce que le projet de loi a seulement réussi à accomplir, c'est de s'attaquer à la dignité de l'ensemble des assistés sociaux en les accusants de fraudeurs, alors que seule une minorité fraude le système.

Re: Fin de l'insissabilité de l'aide sociale

by chuck on 16 juin, 2004 - 10:25Score: 1

"La solution pour régler le problème ne serait-il pas plutôt de s'assurer qu'il y ait des salaires plus décents et que plus de logements sociaux ou des HLM soient construits afin d'aider les plus défavorisés."

Je ne suis pas sûr de comprendre ce que tu proposes. Est-ce que tu proposes de hausser les prestations d'aide sociale? Personnellement, je ne crois pas que ce soit la bonne solution. Mais si tu parles des salaires des travailleurs pourquoi dis-tu que ça règlerait le problème des loyers impayés et du logement social?

Le vrai problême, ne serait pas plutôt qu'il manque de volonté politique pour construire ces fameux logements sociaux ? J'ai écouté le débat des chefs et Jack Layton (celui qui dit militer pour améliorer les programmes sociaux) proposait de couper certaines subventions aux grosses compagnies et de remettre l'argent aux gens pour qu'ils aillent dépenser leur argent dans les petites industries locales comme ... les dépanneurs (ça vient de lui pas de moi). C'est des solutions à la Mickey Mouse ... à quand les fontaines de chocolat à tous les coins de rue. À mon avis, si on ne change rien au système et qu'on augmente les salaires de tout le monde de façon significative (Je ne vois pas comment on ferait ça mais ...) ce qui risque d'arriver c'est que les prix des logements vont augmenter et d'ici deux ans (ou moins) on revient à la case départ avec le prix moyen du logement social plus élevé encore qu'avant.

 

Quelques petites infos

by phil on 17 juin, 2004 - 12:00Score: 1

Avant tout, je voulais vous informer que le ministre Béchard a retiré sa proposition de saisie des loyers (il paraît que même Bell et Hydro se plaignaient parce qu'ils auraient aimé faire la même chose...).

Hausser l'aide sociale, c'est juste la moindre des choses tant qu'à moi. Est-ce que tu savais que la prime de base (pour une personne) c'est 533$ par mois? Enlève 300$ pour le logement (et là je suis vraiment cheap), 50$ pour la STM, 150$ pour la bouffe et il ne reste rien. Rien. Niet. Nada. Ni pour les vêtements, ni pour les sorties, ni pour un nouveau set de salon.

Mais je suis d'accord que la hausse de l'aide sociale ne règle pas grand chose. Pour ce qui est des travailleurs, je ne veux pas répondre pour Lawrence, mais si les salaires étaient meilleurs, peut-être que plus de gens quitteraient l'aide sociale (parce que beaucoup ne travaillent pas parce que les simples frais de garderie que ça entraîne leur enlève l'argent gagné en plus...). Qui a dit d'augmenter les salaires de tout le monde? Il y en a qui ont beaucoup plus à être augmentés que d'autres. Et si tu augmentes les salaires, le prix des loyers ne monte pas aussi rapidement! Il y a des réglementations qui empêchent les hausses abusives. Le loyer n'est pas indexé à l'inflation! En plus, le principe d'un HLM c'est que tu ne dépenses pas plus que 25% de ton revenu dans ton loyer. Pour le logement social, je ne sais pas, mais d'une manière ou d'une autre, ça contourne le régime du marché (donc les hausses rapides).

Et j'aime encore mieux des solutions à la Mickey Mouse que des solutions à la GIJoe...

 

Re: Quelques petites infos

by chuck on 17 juin, 2004 - 17:15Score: 1

Laissons GIJoe et Mickey de côté ... Pour les prestations d'aide sociale, je n'ai pas dit que je trouve que c'est suffisant. Même que je me demande comment on fait pour arriver avec ces prestations ; que ce soit la prestation de base ou le "gros chèque" comme certains l'appellent injustement, qui se chiffre à environ 700 par mois pour une personne seule. Ce sur quoi on s'entend, je crois, c'est justement sur le fait qu'il faudrait que les gens qui utilise les prestations aient une possibilité de s'en sortir.

En particulier, tu parlais des garderies à 5 $. Depuis que ça a été instauré l'accès au garderie est directement liés au salaire. C'est à dire, que plus le salaire est élevé, plus les gens utilise le service. C'est donc que les garderies à 5$ ne favorise pas l'accès au plus démuni. Une mesure efficace, ce serait d'avoir un système universel de garderie comme il existe en France mais évidemment il faudrait pouvoir financer ce genre de projet là et il semble que les libéraux soient partis dans la direction inverse.

Il semble aussi qu'il manque de supervision sur les bons d'emplois. Des compagnies utilisent les bons, le temps que dure la subvention, puis renvoie la personne chez elle quand c'est fini. Ce n'est pas très motivant et plus on vieillit plus c'est dur de se retrouver un emploi.

Est-ce que d'augmenter les prestations ferait une différence. Ça permetterait certainement de faire souffler certaines personnes à court terme mais il faut plus que ça...

 

à propos du travail...

by anarcat on 18 juin, 2004 - 09:03Score: 1

Il semble aussi qu'il manque de supervision sur les bons d'emplois. Des compagnies utilisent les bons, le temps que dure la subvention, puis renvoie la personne chez elle quand c'est fini. Ce n'est pas très motivant et plus on vieillit plus c'est dur de se retrouver un emploi.

Ce qui se passe de plus en plus dans notre société, c'est le transfer d'emplois rééls vers des postes de travailleurs autonomes précaires. Combien de travailleurs sont rééllements des employés avec des conditions de travail aquises et une garantie d'emploi? Je crois que si l'on regarderait ces statistiques, on remarquerait que la proportion est en chute. Mais non seulement ça, ces travailleurs sont généralement regardé comme des enfants gâtés du système, jalousie cultivée par les médias mainstream (grèves des infirmières ou de la STM anyone?).

D'ailleurs, la culture n'est plus orientée vers "organisons-nous entre travailleurs" mais plus vers "les maudits syndicats". Oui, effectivement, les syndicats ont leurs vices et problèmes, mais le gouvernement libéral et le positions néo-libérales en général pousse la population à favoriser les emplois précaires et le "marché de l'emploi", tout en valorisant le fait d'avoir un emploi lui-même, ce qui est tout à fait contraductoire, car le marché de l'emploi demande une certaine proportion de marchandise (les travailleurs) gaspillée ou rejetée, par définition.

Les sans-emplois sont dès lors "ostracisés". Devenus les parias de notre société, des gens parfaitement compétents et brillants se ramassent à être exclus ou toujours sur la marge de jobs minables où ils se font exploiter le temps d'un contrat, pour retomber, non plus sur le chômage car les compagnies sont trop brillantes pour ça, mais sur le BS.

C'est beaucoup plus rentable pour une compagnie d'avoir un employé contractuel pendant une durée X-1 (où X est le nombre de jours à partir duquel la compagnie est obligée d'engager l'employé), quitte à lui redonner une formation de quelques jours, que de lui payer un salaire décent et courir le risque de laisser ne serait-ce qu'un tantinet de pouvoir entre les mains des travailleurs.

C'est la voix du fric qui parle au travers de nos gouvernements.

Voir aussi: Esclavage, salariat et travail autonome